Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B... a été suspendu à titre conservatoire de ses fonctions d'anesthésiste par la directrice du centre hospitalier de Voiron en décembre 2017, suite à des accusations portées par une patiente. M. B... a alors demandé au juge des référés du tribunal administratif de Grenoble de suspendre cette décision. Le juge a d'abord accepté de suspendre l'exécution de la mesure, mais le centre hospitalier a interjeté appel de cette ordonnance. La haute juridiction administrative a annulé l'ordonnance du 28 février 2018, a rejeté la demande de M. B... et n'a pas imposé de frais à aucune des parties.
Arguments pertinents
1. Urgence et condition de légalité : La décision du juge des référés a été jugée entachée d'une erreur de droit. Le rapport a précisé que la condition d'urgence, qui doit être remplie pour ordonner la suspension d'une décision administrative, n’était pas remplie dans ce cas. En effet, « … en se fondant ainsi sur la circonstance que la décision dont la suspension était demandée avait été prise pour une durée indéterminée alors qu'une telle circonstance était sans incidence sur l'existence d'une urgence, […] le juge des référés a commis une erreur de droit… ».
2. Analyse des inconvénients de la suspension : Le tribunal a pris en compte le caractère conservatoire de la suspension et a noté que celle-ci n'entraînait pas de perte de traitement pour M. B..., malgré l'impact sur ses fonctions et sa réputation. Cela a conduit à conclure que "les inconvénients de sa suspension" ne justifiaient pas d’interrompre son application dans l'intérêt du bon fonctionnement du service et de la sécurité des patients.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du Code de justice administrative : Cet article stipule que le juge des référés peut accorder la suspension d'une décision administrative si « l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision ». Le tribunal a jugé que la condition d’urgence n’était pas remplie, car la suspension conservatoire ne privait pas M. B... de son traitement.
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article concerne les frais de justice et stipule que les litiges peuvent entraîner le paiement de frais par l'une ou l'autre des parties. En l'espèce, le tribunal a noté qu'il n'y avait pas lieu de faire payer des frais à M. B... ni au centre hospitalier, considérant ainsi que "ces mêmes dispositions font obstacle à ce que la somme demandée par M. B... soit mise à la charge du centre hospitalier de Voiron".
3. Article L. 821-2 du Code de justice administrative : Il a également été procédé à la suspension de la décision en application de cet article, le juge ayant le pouvoir d’élargir sa compétence pour statuer sur d’autres aspects lorsque les conditions d’une demande initiale ne sont pas satisfaites.
Cette décision met en lumière l'importance des conditions d'urgence et de légalité dans le cadre des mesures conservatoires, en soulignant l'équilibre à maintenir entre les droits des individus et les besoins en matière de sécurité et de fonctionnement des établissements publics.