Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité soulevée par le syndicat des avocats de France et d'autres parties concernant la conformité à la Constitution de l'article 2 de l'ordonnance du 18 novembre 2020. Cette disposition autorise, même sans l'accord des parties, le recours à des moyens de télécommunication audiovisuelle devant l'ensemble des juridictions pénales. Le Conseil d'État a renvoyé cette question au Conseil constitutionnel, en constatant que les dispositions impliquées n'avaient pas encore été déclarées conformes à la Constitution et que leur application soulève des questions sérieuses concernant les droits de la défense.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et Verdict du Conseil constitutionnel :
- Le Conseil d'État a souligné que l'article 2 de l'ordonnance du 18 novembre 2020 est applicable au litige en cours et qu'il n'a pas été encore validé par le Conseil constitutionnel. Il a également noté que le moyen soulevant une atteinte potentielle aux droits garantis par la Constitution présente un caractère sérieux.
- Citation pertinente : "Ces dispositions sont applicables au litige au sens et pour l'application de l'article 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 et n'ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel."
2. Atteinte aux droits de la défense :
- La décision met en exergue le fait que l'article 2 de l'ordonnance permet des procédures sans nécessité d'accord des parties, ce qui pourrait contrevenir aux droits de la défense.
- Citation pertinente : "Le moyen tiré de ce qu'elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, et notamment aux droits de la défense..."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article 2 de l'ordonnance du 18 novembre 2020 :
- L’interprétation de cet article soulève la question de la compatibilité entre l’utilisation de moyens de télécommunication et le respect des droits procéduraux fondamentaux.
- Code de procédure pénale - Article 346 : Ce texte mentionne des conditions spécifiques à respecter pour les audiences, ce qui soulève des questionnements sur la compatibilité des nouveaux moyens employés.
2. Contexte légal et constitutionnel :
- L'habilitation de l'ordonnance se fonde sur la loi n° 2020-1379, qui visait à gérer l'état d'urgence sanitaire. L’absence de ratification des dispositions soulève des questions quant à leur légitimité et leur conformité.
- Code de justice administrative - Article 31 mentionne la nécessité d'une ratification pour que les dispositions législatives puissent être stabilisées dans le système juridique.
Conclusion
Dans cette décision, le Conseil d'État a su naviguer entre les exigences de l’urgence sanitaire et le respect du cadre constitutionnel, en soulignant des interrogations majeures liées aux droits des justiciables. La renvoi au Conseil constitutionnel est une étape essentielle pour éclairer ces questions, en conservant l'équilibre entre mesures exceptionnelles et droits fondamentaux.