Résumé de la décision
La SA Aprochim exploite une installation classée pour la protection de l'environnement à Grez-en-Bouère, dédiée au traitement de déchets industriels, y compris des substances toxiques comme les polychlorobiphényles (PCB). Après avoir constaté des dépassements de normes, le préfet avait imposé des prescriptions supplémentaires. Le tribunal administratif avait annulé certaines décisions du préfet, entraînant un pourvoi en cassation par le ministre de la transition écologique. Le Conseil d'État a finalement annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, jugeant cette dernière s'être méprise sur l'interprétation des prescriptions imposées à la société Aprochim quant aux seuils de concentration en PCB.
Arguments pertinents
1. Portée des prescriptions : La cour a erronément considéré que le seuil de concentration en PCB de 0,3 pg TEQ/g s’appliquait à toutes les herbes des pâturages environnants, alors que ce seuil n’était valide que pour les "ray-grass" utilisées dans un dispositif de mesure. Le Conseil d'État a indiqué que seul le réseau de surveillance, mis en place pour garantir que les seuils maximums ne soient pas dépassés, était assujetti à ce seuil.
> "Il résulte de ce qui précède [...] la cour s’est méprise sur la portée de cet arrêté en estimant qu'il avait pour effet d'imposer ce seuil à l'ensemble des herbes des pâturages proches du site de l'installation."
2. Conséquence de l'erreur : Cette confusion dans l'interprétation des arrêtés a conduit à l'annulation de décisions administratives cruciales, rendant nécessaire la correction par le Conseil d'État. La décision a ainsi mis en avant la nécessité d’une précision dans la rédaction des textes réglementaires concernant les installations dangereuses pour l’environnement.
> "Par suite, sans qu'il soit besoin d'examiner l'autre moyen du pourvoi, le ministre de la transition écologique et solidaire est fondé à demander l'annulation de l'arrêt qu'il attaque."
Interprétations et citations légales
1. Code de l'environnement – Article L. 511-1 : Cet article définit les installations soumises à une réglementation spécifique en matière de protection de l’environnement. La décision stipule que seules les installations identifiées comme présentant des dangers ou inconvénients doivent se soumettre à l’arrêté d’autorisation.
> "Sont soumis aux dispositions du présent titre les usines, ateliers, dépôts, chantiers, [...] qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, [...] pour la protection de la nature, de l'environnement et des paysages."
2. Arrêté du 12 janvier 2001 – Article 2 : Cet arrêté prescrit les teneurs maximales autorisées pour des substances indésirables dans l'alimentation des animaux, soulignant l'importance du respect de ces seuils pour la santé publique et environnementale.
> "La somme des dioxines et des polychlorobiphényles (PCDD/F + PCBdl) de type dioxine ne peut excéder un seuil de 1,25 ng TEQ/kg."
3. Code de justice administrative – Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais de justice ne peuvent être mis à la charge de l'État lorsque celui-ci n'est pas la partie perdante, ce qui s'applique dans cette affaire, le Conseil d'État statuant en faveur du ministre.
> "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'Etat."
En résumé, la décision du Conseil d'État illustre des questions clés de droit administratif en matière de réglementation environnementale, en confirmant la nécessité d'interprétations précises des réglementations afin d’assurer leur efficacité et leur application correcte.