Résumé de la décision :
M. C..., victime d'un attentat à Alger en 1956, avait obtenu une pension militaire d'invalidité ainsi qu'une allocation en raison d'infirmités consécutives à cet événement. Il a demandé à ce que soit reconnue une nouvelle infirmité : un syndrome d'apnée du sommeil, qu'il avance être lié à des problèmes d'inactivité dus à son amputation. La cour régionale des pensions de Pau a rejeté cette demande, en se fondant sur le fait que M. C... n'avait pas prouvé l'imputabilité au service. M. C... a contesté cette décision devant le Conseil d'État, qui a finalement annulé l'arrêt de la cour régionale tout en rejetant la demande d'imputabilité du syndrome d'apnée du sommeil.
Arguments pertinents :
1. Non-application des textes législatifs : Le Conseil d'État a souligné que l'arrêt de la cour régionale des pensions n'a pas mentionné les textes législatifs pertinents (articles L. 2 et L. 3 du Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre) qui obligent à établir une preuve d'imputabilité au service. "Les décisions doivent mentionner les textes dont elles font application."
2. Critères d’imputabilité : Il est stipulé que la présomption d'imputabilité au service ne s'applique que si la relation entre l'affection et le service est médicalement établie. Le Conseil a précisé : "Cette preuve ne saurait résulter de la seule circonstance que l'infirmité soit apparue durant le service."
3. Évaluation médicale insuffisante : Les certificats fournis par M. C... n'ont pas été considérés comme suffisants, car ils ne découlaient pas d'une expertise formelle. Les avis des médecins indiquaient que les troubles respiratoires n'avaient pas de lien direct avec l'infirmité déjà reconnue.
Interprétations et citations légales :
- Preuve d'imputabilité - Code des Pensions Militaires d'Invalidité et des Victimes de Guerre : Les articles L. 2 et L. 3 obligent le demandeur à prouver des faits précis établissant un lien entre la maladie et le service militaire :
- Article L. 2 : "Ouvrent droit à pension : / 1° Les infirmités résultant de blessures reçues par suite d'évènements de guerre ou d'accidents éprouvés par le fait ou à l'occasion du service ;"
- Article L. 3 : "Lorsqu'il n'est pas possible d'administrer... la preuve que l'infirmité... résulte d'une des causes prévues à l'article L. 2... la présomption d'imputabilité au service bénéficie à l'intéressé à condition... que soit établie... la filiation entre la blessure ou la maladie ayant fait l'objet de la constatation et l'infirmité invoquée."
- Rejet du pourvoi - Code de Justice Administrative : Le Conseil d'État conclut que M. C... n'est pas en droit de demander une somme à l'État pour ses frais, car l'État n'est pas la partie perdante dans cette instance. "Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'Etat..."
Ainsi, le Conseil d'État a mis en avant l'importance de l'établissement rigoureux des liens de causalité dans le domaine des pensions militaires, tout en rappelant les exigences formelles qu doivent être respectées par les juridictions.