Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité soulevée par M. A..., relative à l'article L. 120-12 du code des juridictions financières. M. A... contestait que le législateur ait méconnu les principes d'impartialité et d'indépendance des juridictions en ne prévoyant pas l'obligation pour le procureur général près la Cour des comptes de se faire substituer dans ses fonctions lorsqu'il est susceptible de se trouver dans une situation de conflit d'intérêts. Le tribunal a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant que la question ne présentait pas de caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Absence de disposition spécifique pour le procureur général : Le requérant argumente que le fait que l'article L. 120-12 ne mentionne pas explicitement le procureur général concernant l'abstention en cas de conflit d'intérêts constituerait une atteinte au principe d'impartialité.
Cependant, le tribunal répond que "la circonstance que l'article L. 120-12 du code des juridictions financières ne mentionne pas expressément le procureur général [...] est, en tout état de cause, sans incidence sur l'obligation d'impartialité qui s'impose à lui".
2. Obligation d'impartialité : Le tribunal souligne que, même sans mention explicite, le procureur général est soumis à l'obligation d'impartialité, qui l'oblige à s'abstenir de préparer des conclusions ou d’instruire l’affaire s'il se trouve en situation de conflit d'intérêts.
3. Caractère sérieux de la question : La décision conclut que la question soulevée par le requérant n'est pas nouvelle et ne revêt pas un caractère sérieux, justifiant ainsi le refus de renvoyer la question au Conseil constitutionnel.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs textes de loi sont analysés :
- Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : Elle précise que la question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée à condition que la disposition contestée soit applicable au litige et qu'elle soit nouvelle ou présente un caractère sérieux. Le tribunal conclut ici que la question posée par M. A... ne satisfait pas ces conditions.
- Code des juridictions financières - Article L. 120-12 : On y lit que "les membres et les personnels de la Cour des comptes qui estiment se trouver dans une situation de conflit d'intérêts s'abstiennent de participer au délibéré sur l'affaire concernée". Le tribunal interprète cette obligation comme étant étendue implicitement au procureur général, bien qu’il ne soit pas mentionné explicitement, basé sur le besoin d'impartialité.
En somme, le tribunal rappelle que "l'obligation d'impartialité qui s'impose à lui [...] n'est pas remise en cause par le silence de la loi". Ainsi, même sans obligation formelle de substitution, les principes d'impartialité et d'indépendance demeurent essentiels et doivent être respectés par le procureur général. Cela illustre l'importance de l'interprétation des textes dans le respect des principes fondamentaux du droit.