Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. C... A... a été déclaré inapte à exercer des fonctions judiciaires par le jury d'examen de classement le 19 juin 2014. Il a demandé l'annulation de cette délibération ainsi que de la décision de rejet de son recours gracieux. Le tribunal a statué que cette demande d'annulation était sans fondement et a rejeté les conclusions de M. A..., considérant que les procédures et les décisions du jury étaient conformes aux exigences légales.
Arguments pertinents
1. Sur l'effet de la délégation de signature : Le tribunal a considéré que même si la sous-directrice en charge du recrutement n'avait pas reçu de délégation formelle, cette irrégularité, si elle existait, n'a pas influencé la décision du jury. Le caractère favorable de l'avis soumis au jury a également été jugé sans incidence sur la validité de la décision. Le tribunal a déclaré : « il ne ressort pas des pièces du dossier que... cette irrégularité aurait été susceptible d'exercer une influence sur le sens de la décision du jury ».
2. Sur la charge de la preuve en matière de discrimination : M. A... n'a pas apporté d'éléments suffisants pour établir une présomption de discrimination ou de harcèlement. Le tribunal a rappelé qu'il incombe à l'agent public de fournir des éléments de fait à cet égard : « un agent public... soutient avoir été victime d'agissements constitutifs de harcèlement moral ou de discrimination... de soumettre au juge des éléments de fait susceptibles de faire présumer l'existence de telles pratiques ».
3. Sur l'appréciation du jury : Le tribunal a validé la décision du jury, illustrant que celui-ci a pris en compte des évaluations multiples, certaines soulignant des insuffisances, et n’a pas commis d'erreur manifeste d'appréciation : « le jury d'aptitude n'a pas entaché sa décision d'une erreur manifeste d'appréciation ».
Interprétations et citations légales
- Ordonnance n°58-1270 - Article 21-1 : Cet article stipule que les candidats admis doivent suivre une formation probatoire, et le jury se prononce sur leur aptitude à exercer les fonctions judiciaires. Le tribunal souligne que la procédure de formation, et la suite administrative qui en découle, est cruciale pour garantir que les décisions du jury soient correctement fondées.
- Décret n°2001-1099 - Article 5 : Ce décret précise la durée de la formation probatoire et les modalités d’évaluation par le jury. L'autorité de cette procédure est solidifiée par le fait que le directeur de l'Ecole nationale de la magistrature est chargé d'établir un bilan de formation qui est ensuite transmis au jury. Le tribunal a affirmé : « La décision de déclarer un candidat inapte à exercer les fonctions judiciaires est portée à la connaissance de l'intéressé, au cours d'un entretien individuel... ». Cela constitue un des fondements de la légitimité de l'évaluation par le jury.
- Décret n°72-355 - Article 49-1 : Concernant le bilan du stage, cet article stipule que celui-ci inclut l'évaluation faite par un coordonnateur et la transmission de l'avis du directeur. La cour a interprété que l'absence de déclaration formelle de certains actes n'influence pas la décision finale sur l'aptitude.
En conclusion, la décision a été motivée par une application rigoureuse des textes réglementaires en matière de recrutement des magistrats, et le tribunal a mis l'accent sur la nécessité de prouver toute allégation de faute, qu'il s'agisse de harcèlement ou de discrimination, tout en affirmant que la procédure suivie était conforme aux obligations légales.