Résumé de la décision
La SCP "Charles Flobert et Laurent Brisse, notaires associés" a demandé l'annulation d'une décision implicite de refus en raison du silence gardé par le garde des sceaux, ministre de la justice, sur sa demande d'abrogation d'une disposition réglementaire limitant l'ouverture de bureaux annexes à un certain périmètre géographique. La cour a jugé que la requête était infondée, confirmant que les distinctions établies par le décret sur l'ouverture de bureaux annexes reposent sur des raisons d'intérêt général et respectent le principe d'égalité. La demande de la SCP a été rejetée, y compris ses demandes de compensation financière au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Sur le principe d'égalité : La cour a affirmé que le principe d'égalité ne s'oppose pas à une réglementation différenciée tant que les différences reposent sur des situations distinctes ou sur des raisons d'intérêt général. La cour a constaté que la limitation d'ouverture de bureaux annexes à des zones géographiques proches vise à maintenir l'équilibre des services notariaux, affirmant que "la différence de traitement (...) est en rapport direct avec l'objet de la loi".
2. Sur la liberté d'entreprendre : La cour a également statué que la restriction imposée par le décret sur l'ouverture de bureaux annexes naltère pas illégalement la liberté d'entreprendre des notaires, en raison de l'intérêt général.
3. Sur l'application de la loi de 2015 : Enfin, la cour a rejeté l'argument de la SCP concernant l'application des dispositions de la loi n° 2015-990, en affirmant qu'elles ne s'appliquent pas à la création de bureaux annexes, ce qui signifie que la SCP ne pouvait pas s'en prévaloir pour justifier sa demande.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que la personne qui perd son recours peut être condamnée à verser une somme au titre des frais exposés par la partie gagnante. Dans cette décision, la cour a rejeté la demande de la SCP concernant les frais.
- Décret n° 71-942 du 26 novembre 1971 - Article 10 : Ce texte définit les modalités d'ouverture des bureaux annexes par les notaires, en interdisant leur ouverture dans des zones éloignées pour préserver la régulation du service notarial. La cour cite que "le garde des sceaux, ministre de la justice peut, à la demande du titulaire de l'office, prendre un arrêté autorisant l'ouverture d'un ou plusieurs bureaux annexes [...] sans qu'il soit besoin... de renouveler l'autorisation".
- Loi n° 2015-990 du 6 août 2015 - Article 52 : Bien que cet article soit mentionné par la SCP, la cour précise qu'il ne s'applique pas à la création de bureaux annexes, affirmant que "la société requérante ne peut utilement se prévaloir des dispositions de l'article 52 [...]".
En conclusion, la décision s'appuie sur une interprétation rigoureuse des textes légaux pour affirmer le refus d'une ouverture trop large des bureaux annexes par les notaires, en équilibrant la libre concurrence et la préservation des offices existants.