Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi de Mme A... contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, qui avait rejeté ses demandes d'indemnisation pour les préjudices liés à sa situation professionnelle. Mme A... soutenait que son contrat à durée déterminée avait été renouvelé illégalement et que la démission qu'elle avait présentée avait été traitée comme un licenciement. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour en ce qui concerne les conclusions indemnitaires relatives à l'arrêté du 27 janvier 2009, tout en maintenant l'affirmation de la prescription des créances antérieures à cette date. Le département de l'Orne a été condamné à verser 1 500 euros à l’avocat de Mme A... pour les frais de justice.
Arguments pertinents
1. Prescription des créances : La cour a correctement jugé que la créance relative aux renouvellements successifs de contrats à durée déterminée était prescrite au 31 décembre 2012. Toutefois, elle a commis une erreur en considérant que la créance liée à la faute dans l'arrêté de 2009 était également prescrite à cette date, sans tenir compte de la date de notification de l'arrêté.
2. Notion de notification : Le Conseil d'État a précisé que pour déterminer le début du délai de prescription, il convient de se référer à la date de notification de l'arrêté, soulignant l'importance de cette notification dans le cadre de l'exercice des droits à indemnisation.
Citations pertinentes :
- "Mme A...a demandé, en outre, dans la requête qu'elle a présentée le 16 décembre 2013 au tribunal administratif de Caen, la réparation des préjudices résultant de la faute que le président du conseil général de l'Orne aurait commise en acceptant la démission qu'elle avait présentée..."
- "En revanche, en se fondant sur la circonstance que l'arrêté du 27 janvier 2009 avait mis fin à ses fonctions...alors qu'il lui appartenait de tenir compte de la date à laquelle ledit arrêté avait été notifié, la cour a commis une erreur de droit."
Interprétations et citations légales
1. Prescription des créances : L'article 1er de la loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 stipule que, pour les départements, les créances non payées se prescrivent après quatre ans, à compter de l'année suivant celle au cours de laquelle les droits ont été acquis. La cour a appliqué cette règle mais a erronément étendu son application à la créance résultant de la faute dans l'arrêté de 2009 sans considérer la notification.
- Loi n° 68-1250 - Article 1er : "Sont prescrites...toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans à partir du premier jour de l'année suivant celle au cours de laquelle les droits ont été acquis."
2. Droit à indemnisation : Il est important de noter que le droit à indemnisation pour le préjudice subi doit être examiné selon la date à laquelle la décision administrative a été notifiée.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais de justice doivent être mis à la charge de la partie perdante sauf disposition contraire, ce qui justifie la condamnation du département de l'Orne.
En somme, la décision du Conseil d'État souligne l'importance de la notification d'arrêtés administratifs pour déterminer les délais de prescription des actions en réparation des préjudices, tout en confirmant la responsabilité de l'administration quant aux effets de ses décisions.