Résumé de la décision
La chambre syndicale nationale des géomètres-topographes a demandé l'annulation d'un décret du 10 juin 2015 modifiant des dispositions réglementaires relatives à l'inscription des géomètres-topographes au tableau de l'ordre des géomètres-experts. La requérante critique la condition de réalisation d'un stage de deux ans pour l'inscription, sans possibilité de réduction pour les géomètres-topographes. Le tribunal a rejeté la requête, confirmant que la loi impose cette condition pour garantir la protection de la propriété foncière et que le décret contesté n’entraîne pas d’irrégularité.
Arguments pertinents
1. Contresignature ministérielle : La requérante a soutenu que le décret était irrégulier faute de contresignature par les ministres concernés. Cependant, le tribunal a indiqué que "la nécessité de telles mesures ne ressort pas des pièces du dossier", écartant cet argument.
2. Équivalence de qualification : L'article 26 de la loi du 7 mai 1946 n'a pas établi d'équivalence entre l'expérience des géomètres-topographes et les compétences requises par le stage. Le tribunal cite que le législateur a "entendu garantir la protection de la propriété foncière en confiant sa délimitation à des professionnels spécialement qualifiés".
3. Durée du stage : Le tribunal a noté que la réduction de la durée de stage pour les personnes justifiant de quinze ans de pratique n'est pas appliquée aux géomètres-topographes, justifiant cette décision par l'absence d'une "erreur manifeste d'appréciation" dans le décret.
Interprétations et citations légales
1. Constitution - Article 22 : "Les actes du Premier ministre sont contresignés, le cas échéant, par les ministres chargés de leur exécution." Cette disposition a été évoquée pour discuter de la nécessité de contresignature et a été interprétée comme non exigible dans ce contexte.
2. Loi n° 46-942 du 7 mai 1946 - Article 26 : "Peuvent demander leur inscription au tableau de l'ordre les personnes exerçant la profession de géomètre-topographe, dans des conditions définies par décret en Conseil d'Etat..." C'est cette loi qui encadre les conditions d'inscription, sans prévoir d'équivalence pour l'expérience des géomètres-topographes.
3. Décret n° 2010-1406 du 12 novembre 2010 - Article 4 : "Le stage, d'une durée de deux ans... est effectué sous la surveillance et la responsabilité d'un membre de l'ordre des géomètres-experts." Cette citation précise la durée du stage comme une condition essentielle à l'inscription, reflétant l'intention du législateur de garantir la compétence des géomètres-experts.
En conclusion, le tribunal a statué que la requête de la chambre syndicale nationale des géomètres-topographes n'était pas fondée et a renvoyé à la forte intention du législateur d'assurer la qualification et la compétence des géomètres-experts pour protéger la propriété foncière.