Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... a demandé la rectification de la décision n° 384034 du Conseil d'État, rendue le 13 mai 2015, qui avait rejeté ses conclusions tendant à l'annulation de certaines dispositions de la circulaire du 3 décembre 2012 émise par le ministre chargé de l'économie. M. A... soutenait que ces dispositions avaient été adoptées sans compétence légale et qu'elles méconnaissaient la loi n° 2012-347 du 12 mars 2012. Le Conseil d'État a admis qu'il y avait eu une omission d'examen de ces moyens, ce qui constitue une erreur matérielle. Cependant, il a confirmé que les arguments de M. A... n'étaient pas fondés et a donc rejeté ses conclusions indemnitaires, tout en précisant que le ministre avait, pour sa part, agi dans le cadre de ses compétences.
Arguments pertinents
1. Omission d'examen et erreur matérielle : Le Conseil d'État a considéré qu'il y avait eu une erreur matérielle dans son précédent jugement en raison de l'absence de réponse aux moyens soulevés par M. A... Cela est souligné par la citation suivante : « il ne ressort de la décision n° 384034 ni que ces moyens aient été visés, ni qu'il y ait été répondu. »
2. Compétence du ministre : Concernant la compétence du ministre à élaborer des dispositions par circulaire, le Conseil d'État a statué que le ministre avait agi dans le cadre de son pouvoir d'organisation en précisant, par voie de circulaire, les modalités des contrats à durée indéterminée pour certains agents. En d'autres termes, « le ministre chargé de l'économie était compétent, dans l'exercice de son pouvoir d'organisation générale des services placés sous son autorité, pour préciser par voie de circulaire les modalités des contrats ».
3. Absence d'obligation légale : Le Conseil a également souligné qu'aucune disposition législative ou réglementaire n'imposait au ministre de définir la rémunération de manière individualisée. Cela se traduit par : « aucune disposition de cette loi, ni aucun texte réglementaire ou principe général du droit ne faisait obligation au ministre de prévoir que la rémunération en cause serait définie, non selon une règle générale, mais au cas par cas et en fonction de la période de référence la plus avantageuse. »
Interprétations et citations légales
1. Article R. 833-1 du Code de justice administrative : Cet article donne le droit à une partie d'introduire un recours en rectification devant la juridiction ayant rendu une décision stricto sensu entachée d'erreur matérielle. L'article se lit comme suit : « Lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'État est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification. »
2. Loi n° 2012-347 du 12 mars 2012 : Cette loi avait pour but d'améliorer les conditions d'emploi des agents contractuels et de lutter contre les discriminations. Cependant, le Conseil a interprété son application comme n'imposant pas à l'administration de prendre en compte les situations individuelles, mais simplement de s'assurer que les contrats respectent les normes générales édictées.
3. Pouvoir discrétionnaire de l'administration : Le principe de l’organisation des services publics implique que les ministres disposent d'un pouvoir d'appréciation qui leur permet d’adapter les conditions de travail des agents. Cela est explicitement reconnu par le Conseil d'État par l'affirmation que le ministre a agi dans le cadre de son pouvoir d'organisation.
Cette décision illustre la jurisprudence relative à la compétence administrative et les limites de l'intervention du juge administratif concernant le champ d'appréciation des ministres en matière d'organisation des services publics.