Résumé de la décision
Dans cette affaire, la commune de Garges-lès-Gonesse avait mis en place un système de traitement de données personnelles basé sur la reconnaissance biométrique des contours de la main pour gérer les horaires des agents municipaux. M. A..., un agent, a été sanctionné pour avoir refusé de se soumettre à ce contrôle. Après le rejet de sa demande d'annulation des sanctions par le tribunal administratif, M. A... a interjeté appel. La cour administrative d'appel a annulé les sanctions, en considérant que le traitement de données n'était pas opposable en raison de la méconnaissance des obligations d'information prévues par la loi. La commune se pourvoit alors en cassation. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, estimant que la seule méconnaissance des obligations d'information ne rendait pas le traitement inopposable.
Arguments pertinents
1. Information sur les données personnelles : Le Conseil d'État souligne que, selon l'article 32 de la loi du 6 janvier 1978, il incombe au responsable du traitement de fournir des informations spécifiques aux personnes concernées, même lorsque les données ne sont pas recueillies directement. Cependant, il précise que la méconnaissance de cette obligation ne suffit pas à rendre une décision administrative inopposable. Le raisonnement est clair : "les obligations du responsable du traitement de données ne sont toutefois relatives qu'aux modalités concrètes de fonctionnement...".
2. Erreur de droit : La cour administrative d'appel a commis une erreur en considérant que la méconnaissance des obligations d'information remettait en cause la légalité des sanctions. Donc le Conseil d'État a décidé qu'il fallait annuler l'arrêt de la cour d'appel pour ce motif.
Interprétations et citations légales
1. Article sur la protection des données personnelles : Le Conseil d'État se réfère à l'article 32 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, qui impose que "la personne auprès de laquelle sont recueillies des données à caractère personnel" doit être informée de diverses informations, telles que "l'identité du responsable du traitement" et "la finalité poursuivie par le traitement".
2. Interprétation des conséquences de la méconnaissance : Le Conseil d'État précise que "la méconnaissance ne peut avoir, à elle seule, pour effet de rendre la décision administrative... inopposable". Cela signifie que des erreurs de procédure dans la mise en œuvre de la réglementation sur la protection des données ne suffisent pas à annuler des décisions administratives, à moins qu'il n'y ait d'autres éléments justifiant cette annulation.
Cette décision illustre la complexité des interactions entre la protection des données personnelles et le droit administratif, mettant en évidence l’importance de suivre les procédures tout en reconnaissant que les erreurs ne peuvent pas toujours remettre en cause la légalité des actes administratifs.