Résumé de la décision
La décision n° 410721 du 14 juin 2018 du Conseil d'État a annulé un arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon qui avait rejeté la demande de Mme C... relative à la validité de son certificat de résidence. Le Conseil d'État a jugé que la cour avait mal interprété les faits en considérant que Mme C... avait résidé à l'étranger pendant plus de trois ans consécutifs sans tenir compte d'un séjour en France durant cette période. Ce séjour, qui avait eu lieu entre février et mars 2013, était significatif car il avait coïncidé avec la naissance de son deuxième enfant. En conséquence, le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, a rejeté l'appel du préfet de l'Ardèche et a accordé 3 000 euros à Mme C... pour couvrir les frais de justice nécessaires.
Arguments pertinents
1. Sur la périodicité de l'absence : Le Conseil d'État a relevé qu'en se basant sur une absence continue du territoire français de plus de trois ans, la cour administrative d'appel a fait une inexacte application des stipulations de l'article 8 de l'accord franco-algérien. À cet égard, le Conseil d'État a noté que :
> "la cour administrative d'appel de Lyon a dénaturé les pièces du dossier" en ne tenant pas compte du séjour de Mme C... en France.
2. Sur la non-conformité de la décision du préfet : Le Conseil d'État a également confirmé que le préfet de l'Ardèche n'était pas fondé à contester le jugement du tribunal administratif, arguant que ce dernier avait correctement interprété la situation de Mme C... :
> "le préfet de l'Ardèche n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Lyon a annulé sa décision".
Interprétations et citations légales
L'affaire repose sur l'interprétation de l'article 8 de l'accord franco-algérien du 27 décembre 1968, qui précise les conditions de validité d'un certificat de résidence pour les ressortissants algériens. Selon cet article, un certificat peut être considéré comme périmé uniquement si l'absence du territoire français dépasse trois années consécutives et n'est pas interrompue par un séjour significatif en France.
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Article pertinent :
- Accord franco-algérien - Article 8> "Le certificat de résidence d'un ressortissant algérien qui aura quitté le territoire français pendant une période de plus de trois ans consécutifs est périmé. / Toutefois, il lui sera possible de demander la prolongation de la période visée au premier alinéa..."
Le Conseil a souligné que, pour que l'absence soit considérée comme continue et définitive, il fallait tenir compte de tout séjour en France qui pouvait être significatif, ce qui a été négligé par la cour d'appel. Ainsi, les séjours ponctuels ne doivent pas être ignorés dans le cadre de l'analyse de la continuité d'absence :
> "un certificat de résidence n'est périmé qu'en cas d'absence du territoire français pendant une période de plus de trois années consécutives, qui n'est interrompue par aucun séjour en France".
Ces interprétations mettent en relief l'importance d'examiner minutieusement les circonstances individuelles de chaque cas ainsi que le besoin de juste application des conventions internationales en matière de résidence.