Résumé de la décision
La présente décision concerne une demande d’annulation d'un arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille qui avait confirmé l'annulation d'une décision du garde des sceaux, ministre de la justice, concernant le maintien de M. B... au répertoire des détenus particulièrement signalés. La décision de la cour a été annulée, le Conseil d'État ayant statué que les dispositions réglementaires en cause étaient bien établies et qu'elles ne manquaient pas de base légale. L'affaire a été renvoyée à la cour administrative d'appel de Marseille pour qu'elle statue à nouveau sur le fond.
Arguments pertinents
1. Compétence du pouvoir réglementaire : Le Conseil d'État a rappelé que le pouvoir réglementaire était compétent pour édicter les dispositions de l'article D. 276-1 du code de procédure pénale concernant l'inscription des détenus au répertoire des détenus particulièrement signalés. Il a ainsi critiqué l'arrêt de la cour qui avait considéré que l'abrogation de l'article 728 du code de procédure pénale privait de base légale l'article D. 276-1.
Citation pertinente :
« [...] c'est au prix d'une erreur de droit que la cour a jugé que l'abrogation de l'article 728 du code de procédure pénale avait eu pour effet de priver de base légale l'article D. 276-1 du code de procédure pénale. »
2. Respect des droits des détenus : La décision souligne que la mise en œuvre de l'inscription des détenus au répertoire est soumise au respect des conditions et des droits établis par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Les restrictions aux droits des détenus doivent tenir compte de leurs caractéristiques individuelles et des impératifs de sécurité.
Citation pertinente :
« [...] seules peuvent être apportées aux droits des détenus les restrictions résultant des contraintes inhérentes à la détention, du maintien de la sécurité et du bon ordre des établissements, de la prévention de la récidive et de la protection de l'intérêt des victimes [...] »
Interprétations et citations légales
Les textes de loi appliqués dans cette décision peuvent être examinés sous plusieurs angles :
1. Loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 :
- Article 2 : Ce texte établit clairement que le service public pénitentiaire doit respecter les droits et la dignité des détenus, tout en garantissant la sécurité publique et en prévenant la récidive.
- Article 22 : Il précise les conditions dans lesquelles les droits des détenus peuvent être restreints.
Citation directe :
« L'administration pénitentiaire garantit à toute personne détenue le respect de sa dignité et de ses droits. »
2. Code de procédure pénale :
- Article D. 276-1 : Ce texte donne au ministre de la justice le pouvoir d’inscrire et de radier des détenus au répertoire, soulignant l’importance d'une gestion adaptée des détenus particulièrement signalés.
Citation pertinente :
« [...] en vue de la mise en oeuvre des mesures de sécurité adaptées, le ministre de la justice décide de l'inscription et de la radiation des détenus au répertoire des détenus particulièrement signalés [...] »
3. Imbrication des décisions administratives : Le Conseil d'État a également souligné que, bien que le pouvoir réglementaire soit compétent pour instituer des mesures spécifiques à certains détenus, ces mesures doivent toujours respecter les droits fondamentaux tels que garantis par la législation pénitentiaire.
En conclusion, la décision du Conseil d'État annule l'arrêt précédent en réaffirmant la légalité des dispositions réglementaires applicables aux détenus signalés, consolidant ainsi le cadre légal de leur gestion tout en protégeant leurs droits.