Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. Jean-Raymond Hermand, ouvrier d'État et chef d'équipe cuisinier à l'hôpital d'instruction des armées Laveran, contestait une décision ministérielle qui l'avait admis d'office à la retraite pour travaux insalubres. Cette décision a été annulée par un jugement du tribunal administratif de Marseille en janvier 2017, mais l'administration a ensuite tardé à prendre une décision formelle de réintégration. M. Hermand a donc demandé à la cour administrative d'appel d'ordonner cette réintégration, ce que la cour a accepté. Toutefois, la ministre des armées se pourvoit en cassation contre cette décision. Le Conseil d'État annule l'arrêt de la cour, jugeant que l'administration avait déjà effectué la réintégration effective de M. Hermand sans qu'une décision formelle ne soit nécessaire.Arguments pertinents
1. Réintégration de droit - Le Conseil d'État a observé que l'administration avait déjà réintégré M. Hermand et restitué ses droits. Il a donc jugé que l'existence d'une décision formelle de réintégration n'était pas requise pour l'exécution du jugement du 9 janvier 2017 : « …l'intervention d'une décision formelle de "réintégration juridique" n'était pas nécessaire à l'exécution de ce jugement ».2. Erreur de droit - Le Conseil a établi que la cour administrative d'appel avait commis une erreur de droit en considérant qu'une décision formelle était indispensable. L'inadéquation de cette position a conduit à l'annulation partielle de l'arrêt.
3. Dépens non à la charge de l'État - En conclusion, le Conseil d'État a également jugé que les frais engagés par M. Hermand ne seraient pas remboursés par l'État, car ce dernier n'était pas la partie perdante : « Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soient mises à la charge de l'Etat, qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance, les sommes demandées par M. Hermand ».
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État s'appuie sur plusieurs dispositions légales :- Code de justice administrative - Article L. 911-4 : Cet article stipule que, en cas d'inexécution d'un jugement, la partie intéressée peut demander à la juridiction d'assurer l'exécution. Le Conseil a ici affirmé que l'administration avait déjà réalisé cette exécution, rendant inutile tout nouvel ordre de réintégration.
- Code de justice administrative - Article L. 821-2 : Cet article permet de régler l'affaire au fond lorsqu'il est possible de le faire. Dans ce cas, le Conseil a choisi de régler directement l'affaire en constatant que les mesures nécessaires avaient déjà été accomplies, ce qui a conduit à débouter M. Hermand de ses demandes.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article indique que les dépens ne peuvent être remboursés à une partie que si elle est considérée comme la partie perdante. Dès lors, l'État n'étant pas la partie perdante, M. Hermand ne pouvait prétendre à un remboursement de ses frais.
Ces références montrent comment le Conseil d'État a appliqué les principes juridiques autour de l'exécution des jugements administratifs et de la gestion des frais de justice.