Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme B... avait été autorisée par un arrêté du 11 janvier 2018 à occuper une parcelle du domaine public de la Ville de Paris pour vendre des produits alimentaires. Après l'appel à propositions de la Ville, son offre n'a pas été retenue, et elle a été sommée de quitter l'emplacement. Mme B... a contesté cette décision en faisant appel à un juge des référés, qui a confirmé l'expulsion. Suite à une demande de révision fondée sur des éléments qu'elle estimait nouveaux, le juge des référés a rejeté sa demande. Mme B... se pourvoit en cassation contre cette décision. La cour a finalement annulé l'ordonnance du 2 juin 2020, en raison d'une irrégularité procédurale, mais a rejeté la demande de Mme B... présentée sur le fondement de l'article L. 521-4 du code de justice administrative, en soulignant que les arguments avancés n'étaient pas suffisants pour justifier une modification de l'ordonnance initiale d'expulsion.
Arguments pertinents
1. Irrégularité de la procédure : La cour a constaté que l’ordonnance attaquée ne précisait pas la date de sa signature, en violation de l'article R. 742-2 du code de justice administrative. Cette absence a justifié l'annulation de l'ordonnance, sans nécessiter d'examen des autres moyens du pourvoi.
> "Il en résulte que cette ordonnance est entachée d'une irrégularité qui en justifie l'annulation."
2. Caractère d'urgence : La cour a rejeté l'argument selon lequel le retard dans la signature de la convention d’occupation par la Ville de Paris réduisait le caractère urgent de l’expulsion. L'absence d'éléments nouveaux n'a pas suffi à justifier une demande de modification de l'ordonnance initiale.
> "La circonstance que la signature de la convention d'occupation domaniale… ne saurait… constituer un élément nouveau de nature à faire perdre à la mesure d'expulsion prononcée… son caractère urgent."
3. Occupation sans titre : La cour a conclu que Mme B... ne pouvait pas invoquer l'irrégularité de la procédure de sélection pour contester son expulsion, puisqu'elle était un occupant sans droits ni titre. Cette position a affaibli ses arguments quant à la modification de l'ordonnance.
> "Un occupant sans droits ni titre… ne peut utilement se prévaloir… de l'irrégularité de la procédure de sélection."
Interprétations et citations légales
1. Violation des procédures : L'article R. 742-2 du code de justice administrative stipule que les ordonnances doivent indiquer la date de signature et les visés législatifs appliqués. Son non-respect a conduit à l'annulation de l'ordonnance.
> Code de justice administrative - Article R. 742-2: "Les ordonnances mentionnent le nom des parties... Elles font apparaître la date à laquelle elles ont été signées."
2. Urgence et éléments nouveaux : Selon l'article L. 521-3, le juge des référés peut ordonner des mesures en cas d'urgence. L'article L. 521-4 précise que le juge peut, sur la base d'éléments nouveaux, modifier ses ordonnances.
> Code de justice administrative - Article L. 521-3: "En cas d'urgence… le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles."
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> Code de justice administrative - Article L. 521-4: "Saisi par toute personne intéressée, le juge des référés peut… modifier les mesures qu'il avait ordonnées ou y mettre fin."
Cette décision illustre l'importance de respecter les règles de procédure et de fournir des arguments pertinents basés sur des éléments nouveaux pour obtenir une modification d'une ordonnance judiciaire.