Résumé de la décision
La commune de Fontvieille a contesté devant le Conseil d'État un arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille qui qualifiait une convention de gestion d'un service public culturel comme une délégation de service public. Par une convention signée le 1er février 2010, la commune avait confié à Mme B... l'exploitation touristique de deux sites historiques. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, considérant que le contrat ne répondait pas aux critères d'une délégation de service public, en raison du manque de contrôle de la commune sur l'exploitation et de la nature précaire de la convention. En conséquence, il a décidé que Mme B... devait verser 1 500 euros à la commune au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Qualification juridique du contrat : Le Conseil d'État a jugé que la cour administrative d'appel a commis une erreur de qualification en jugeant que la convention devait s'analyser comme une délégation de service public. Le raisonnement principal repose sur l'absence d'implication de la commune dans l'organisation de l'exploitation et sur la faculté de la preneuse de résilier le contrat à tout moment. Comme énoncé dans la décision, "eu égard à l'absence d'implication dans l'organisation de l'exploitation touristique des sites" et le fait que la commune "s'est bornée à fixer les jours d'ouverture et à imposer à l'intéressée de respecter le caractère historique et culturel des sites".
2. Non-applicabilité des dispositions sur les délégations de service public : Le Conseil d'État souligne que la rémunération de Mme B... était principalement liée aux droits d'entrée perçus et à la vente de souvenirs, sans qu'il y ait un contrôle municipal conséquent sur ces aspects. Cela démontre que le contrat ne répond pas à la nécessité d'une relation plus encadrée.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 1411-1 du Code général des collectivités territoriales : Ce texte définit la notion de délégation de service public, stipulant que "la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l'exploitation du service". Le Conseil d'État a jugé que cette définition ne s'appliquait pas au contrat en question, car la commune n'avait pas de contrôle suffisant sur l'exploitation, ce qui a conduit à l'absence de lien substantiel entre la rémunération du délégataire et le service public.
2. Critères d'organisation de services publics : Le Conseil a insisté sur le manque d'obligations imposées à Mme B..., tel que "ni sur le montant des droits d'entrée, ni sur les prix de vente des produits vendus". Cette absence de régulation est essentielle à l’interprétation que fait le Conseil d’État quant à la nature juridique de la convention.
Ce raisonnement souligne l'importance d'une définition précise des obligations et des responsabilités lors de la mise en place d'une délégation de service public, afin de garantir qu’un contrôle adéquat est exercé sur l’exploitation du service, conformément aux dispositions légales applicables.