Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation de M. U... et d'autres copropriétaires de la Villa Godin à Paris, contre une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris du 4 novembre 2020. Ce dernier avait rejeté leur demande d’enjoindre l'établissement public Eau de Paris à réaliser des travaux de réfection sur des canalisations d'eau potable, suite à des dommages causés par des fuites. La chambre administrative de la cour a annulé l'ordonnance, considérant que le litige devait être porté devant les juridictions judiciaires plutôt que la juridiction administrative, et a rejeté la demande des requérants.
Arguments pertinents
1. Compétence Juridictionnelle :
L'une des principales raisons de l'annulation de l'ordonnance réside dans l'interprétation de la compétence juridictionnelle. Le juge des référés avait erronément conclu que les canalisations en question, n'étant pas la propriété d'Eau de Paris, ne relevaient pas de l'utilité publique. Or, la cour a précisé que "les dommages avaient été causés aux usagers à l'occasion de la fourniture de la prestation due par le service", soulignant que le litige devait appartenir aux juridictions judiciaires.
2. Lien Contractuel :
Un autre argument clé est que les préjudices subis par les requérants trouvent leur origine dans l'exécution de contrats de distribution d'eau potable entre les propriétaires et Eau de Paris. La cour a affirmé que les désordres affectaient les canalisations "ayant pour seule fonction de desservir les immeubles riverains".
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-3 du Code de justice administrative :
Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures utiles en cas d'urgence, ce qui justifie la nécessité d'un examen de la situation d'urgence dans le cadre de la compétence. La cour a noté que "le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles sans faire obstacle à l'exécution d'aucune décision administrative".
2. Article L. 2224-7 et Article L. 2224-11 du Code général des collectivités territoriales :
Ces articles définissent et régissent les services d'eau potable comme des services publics industriels et commerciaux. Ils confirment que, étant donné le lien contractualisé, le litige touche à des aspects de droit privé, ce qui le soustrait à la compétence administrative :
- "Tout service assurant... la distribution d'eau destinée à la consommation humaine est un service d'eau potable."
- "Les services publics d'eau et d'assainissement sont financièrement gérés comme des services à caractère industriel et commercial."
3. Erreur de droit :
La cour a souligné que le juge des référés a commis une erreur de droit "en déclinant la compétence de la juridiction administrative", ce qui constitue un motif suffisant pour annuler son ordonnance.
Conclusion
Cette décision clarifie le rôle des différentes juridictions dans les litiges concernant les services publics d'eau, en confirmant que, en raison de l'existence de relations contractuelles entre usagers et le service public, les préjudices doivent être examinés par le juge judiciaire plutôt que le juge administratif.