Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a annulé une ordonnance de rejet d'un appel formé par M. A... contre un jugement du tribunal administratif de Melun. Le rejet avait été motivé par l'absence de représentation par un avocat, malgré le fait que M. A... avait sollicité et obtenu l'aide juridictionnelle. L'ordonnance a été annulée car la cour n'a pas mis l'avocat désigné en demeure d'agir avant d'écarter la requête. L'État a été condamné à verser une somme de 1 500 euros à l'avocat de M. A... sous certaines conditions.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la requête sans avocat : Selon l'article R. 811-7 du code de justice administrative, les appels doivent être présentés par un mandataire. Toutefois, le juge d'appel ne peut rejeter une requête pour irrecevabilité sans avoir préalablement mis l'avocat désigné en demeure d'agir. "Les cours administratives d'appel peuvent rejeter, après l'expiration des délais de recours, les requêtes présentées sans ministère d'avocat."
2. Bénéfice de l'aide juridictionnelle : L'ensemble des dispositions de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 établit que les personnes aux ressources insuffisantes peuvent obtenir une aide juridictionnelle. L’article 2 précise que ces personnes ont droit à l’assistance d’un avocat. La cour a souligné que le refus de l'assistance de l'avocat désigné violerait le droit d'accès à la justice de M. A...
3. Omission de la mise en demeure : La décision souligne que la cour n’a pas respecté la procédure en omettant de mettre en demeure l’avocat désigné de régulariser la demande, empêchant ainsi M. A... d'envisager d'autres options : "le juge d'appel ne peut ... rejeter la requête sans avoir préalablement mis l'avocat désigné en demeure".
Interprétations et citations légales
L'analyse des textes de loi appliqués dans cette décision révèle une interprétation rigoureuse des droits des requérants en matière d'aide juridictionnelle :
- Code de justice administrative - Article R. 811-7 : Cet article impose que les mémoires devant la cour soient présentés par un avocat. La décision souligne que cette exigence ne peut pas entraîner une exclusion injuste d’un requérant bénéficiant d’une aide juridictionnelle incomplète.
- Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 2 : Cet article garantit aux personnes à faibles revenus le droit à une représentation légale, soulignant l'importance d'un accès effectif à la protection juridique.
- Loi du 10 juillet 1991 - Article 25 : Il assure également que les bénéficiaires d'aide juridictionnelle peuvent choisir ou se voir attribuer un avocat, renforçant le besoin de suivi actif de la part de la juridiction pour garantir leurs droits dans les procédures.
Ainsi, cette décision illustre la nécessité pour les juridictions d’assurer l’effectivité des droits des justiciables, en respectant les procédures qui protègent l'accès à la justice, en particulier pour les plus vulnérables économiquement.