Résumé de la décision
M.A..., un ancien interprète des forces françaises en Afghanistan, a demandé à la ministre des armées la protection fonctionnelle pour lui et sa famille en raison de menaces qu'il aurait subies en raison de sa collaboration avec ces forces. Sa demande a été implicitement rejetée, ce qui l'a conduit à saisir le juge des référés du tribunal administratif de Paris pour obtenir la suspension de cette décision. Le juge a ordonné la suspension de la décision de rejet et a enjoint à la ministre de réexaminer la demande. La ministre des armées a alors formé un pourvoi en cassation contre cette ordonnance. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés, considérant que M.A... n'avait pas établi l'existence de menaces personnelles, actuelles et réelles.
Arguments pertinents
1. Absence de preuves des menaces : Le Conseil d'État a souligné que les affirmations de M.A... concernant les menaces et violences subies n'étaient pas étayées par des éléments probants. Le juge des référés a donc commis une erreur en considérant que l'existence de menaces était établie.
- Citation pertinente : "Aucune de ces affirmations, dont la validité était sérieusement contestée par la ministre des armées, n'est étayée par des éléments probants."
2. Conditions de la suspension : Pour qu'une suspension soit justifiée, il faut que l'exécution de l'acte administratif porte atteinte de manière grave et immédiate à un intérêt public ou à la situation du requérant. Le Conseil d'État a conclu que M.A... ne remplissait pas cette condition.
- Citation pertinente : "L'urgence justifie que soit prononcée la suspension d'un acte administratif lorsque l'exécution de celui-ci porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate, à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre."
3. Protection fonctionnelle : Le Conseil d'État a rappelé que la protection fonctionnelle s'applique aux agents publics, y compris ceux recrutés à l'étranger, mais que cette protection n'est pas automatique et doit être justifiée par des menaces réelles.
- Citation pertinente : "Ce principe général du droit s'étend aux agents non-titulaires de l'Etat recrutés à l'étranger, alors même que leur contrat est soumis au droit local."
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 : Cette loi établit les droits et obligations des fonctionnaires, notamment en matière de protection contre les atteintes à leur intégrité.
- Citation : "La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l'intégrité de la personne, les violences, (...) les menaces, les injures, la diffamation ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu'une faute personnelle puisse lui être imputée."
2. Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article permet de demander la suspension d'une décision administrative en cas d'urgence. Le Conseil d'État a jugé que M.A... n'avait pas démontré cette urgence.
- Citation : "Il ne ressort pas des pièces du dossier que M. A... faisait, à la date de la décision dont la suspension est demandée, l'objet de menaces personnelles, actuelles et réelles."
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article traite des frais de justice et des condamnations éventuelles à payer par l'État. Le Conseil d'État a rejeté les conclusions de M.A... sur ce fondement, considérant qu'il n'avait pas droit à une indemnisation.
- Citation : "Ses conclusions à fins d'injonction et celles présentées sur le fondement des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991 ne peuvent, par suite, qu'être rejetées."
En conclusion, le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés, considérant que M.A... n'avait pas établi l'urgence ni la réalité des menaces, et a rejeté sa demande de protection fonctionnelle.