Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A..., un ouvrier d'État, a demandé l'annulation d'une décision administrative qui lui avait attribué une indemnité de départ volontaire et l'avait radié des contrôles du ministère des armées. Après le rejet de sa demande de suspension de cette décision par le juge des référés du tribunal administratif de Clermont-Ferrand, M. A... s'est pourvu en cassation. Le Conseil d'État a considéré que le juge des référés avait commis une erreur de droit en estimant que la décision avait été entièrement exécutée. Par conséquent, il a annulé l'ordonnance du juge des référés et a rejeté la demande de M. A..., déclarant que la condition d'urgence n'était pas satisfaite.
Arguments pertinents
1. Sur l'erreur de droit :
Le juge des référés a induit en erreur en concluant que la décision administrative avait été entièrement exécutée. Il était erroné de dire que l'exécution de l'indemnité suffisait à clore l'affaire, car la radiation des contrôles continuait de produire ses effets. Ceci est illustré par le raisonnement suivant : « Toutefois, cette décision emportait également radiation des contrôles du ministère des armées et continuait de ce fait de produire ses effets ».
2. Concernant l'urgence :
M. A... a argumenté sur l'urgence de sa situation en lien avec un dossier de surendettement. Le Conseil d'État a jugé que les éléments fournis ne démontraient pas une privation de ressources suffisante pour remplir le critère d'urgence. « M. A...ne produit pas d'éléments permettant d'établir que la décision de l'administration l'aurait privé de toute ressource et qu'il ne serait plus en mesure de subvenir à ses besoins ».
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du code de justice administrative :
Cet article stipule que le juge des référés peut suspendre l'exécution d'une décision administrative si l'urgence le justifie et un doute sérieux quant à la légalité de la décision est établi. Cela se lit comme suit : « le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision [...] lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision ».
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative :
Cet article précise que les condamnations aux dépens ne peuvent être mises à la charge de l'État que si ce dernier est la partie perdante. Le Conseil d'État a jugé ici qu'il n'y avait pas lieu de mettre une somme à la charge de l'État, puisqu'il n'était pas la partie perdante. « Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'Etat, qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante ».
Le Conseil d'État, en jugeant que la condition d'urgence n'était pas remplie, a donc rejeté la demande de M. A..., renforçant par là même les exigences d'étai des requêtes pour obtenir la suspension de décisions administratives, tout en rappelant l'importance de l'existence d'un véritable préjudice à évaluer.