Résumé de la décision
La décision concerne une demande de M. B... visant à faire rectifier une erreur matérielle dans une décision antérieure du Conseil d'État. M. B... invoquait également une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant les articles 2 et 39 de la loi du 6 janvier 1978 sur les données personnelles. Le Conseil d'État a jugé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la QPC au Conseil constitutionnel, considérant que les dispositions incriminées n'étaient pas applicables au litige. En outre, le Conseil a rejeté la demande de rectification pour erreur matérielle, déclarant les arguments de M. B... non fondés et a condamné ce dernier à une amende de 100 euros pour caractère abusif de sa requête.
Arguments pertinents
1. Question prioritaire de constitutionnalité :
Le Conseil d'État a précisé que pour qu'une QPC soit recevable, il faut que la disposition contestée soit applicable au litige, qu'elle n'ait pas été précédemment jugée conforme à la Constitution, et que la question soit nouvelle ou sérieuse. En l'espèce, il a été déterminé que "les dispositions des articles 2 et 39 de la loi du 6 janvier 1978" ne sont pas applicables à la situation de M. B..., ce qui a conduit à l'écart de la QPC.
2. Erreur matérielle :
Concernant la demande de M. B..., la juridiction a souligné que le recours en rectification n'est pas destiné à remettre en question une appréciation juridique, mais à corriger des erreurs de caractère matériel. Le Conseil d'État a retenu que M. B... n'avait pas établi une erreur matérielle dans la décision précédente, notamment concernant le fait que tous les points de ses conclusions avaient été statué.
3. Caractère abusif de la requête :
La décision mentionne également que la requête de M. B... était abusive, justifiant ainsi l'imposition d'une amende, en vertu de l'article R. 741-12 du code de justice administrative, qui permet de sanctionner ce type de requêtes.
Interprétations et citations légales
1. Sur la question prioritaire de constitutionnalité :
- Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : "Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé (...) à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'Etat."
- Cette disposition encadre la procédure et inclut des prérequis spécifiques pour la recevabilité des QPC, comme le démontre l'argumentation visant à écarter la question dans le cas de M. B....
2. Sur le recours en rectification :
- Code de justice administrative - Article R. 833-1 : "Lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification."
- Le Conseil d'État a clairement établi que le recours ne vise que des erreurs de nature matérielle, non d'ordre juridique, ce qui a conduit au rejet de la demande de M. B....
3. Amende pour requête abusive :
- Code de justice administrative - Article R. 741-12 : "Le juge peut infliger à l'auteur d'une requête qu'il estime abusive une amende dont le montant ne peut excéder 3 000 euros."
- En invoquant ce texte, la décision conclut que le comportement de M. B... dans la présente affaire justifiait l'application d'une amende pour procédure abusive, sanctionnant ainsi les abus du système judiciaire.
En somme, cette décision illustre la rigueur des conditions d'application des dispositions législatives et des possibilités de recours, ainsi que la responsabilité des requérants dans le cadre des recours devant le Conseil d'État.