Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. C..., capitaine de gendarmerie, a été sanctionné par le ministre de la défense par une décision du 6 avril 2016 à quinze jours d'arrêts pour avoir consulté, à des fins personnelles, des fichiers opérationnels de la gendarmerie. Il a reconnu avoir consulté plus de 300 fiches individuelles de renseignements concernant l'employeur de sa fille. La requête intentée par M. C... pour annuler cette décision a été rejetée. Le tribunal a jugé que la sanction disciplinaire était justifiée et proportionnée aux faits reprochés, constituant une faute grave dans le cadre de ses obligations militaires.
Arguments pertinents
1. Caractère fautif des faits : Le tribunal a écarté l'argument de M. C... selon lequel les faits qui lui étaient reprochés n'étaient pas établis, en se basant sur les admissions faites lors de ses auditions. Il a été souligné que « le moyen tiré de ce que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas établis ne peut par suite qu'être écarté. »
2. Violation des obligations militaires : Les consultations personnelles des fichiers de gendarmerie ont été qualifiées de détournement des finalités autorisées des traitements de données personnelles. Dès lors, il a été conclu que « commet un manquement à ses obligations un gendarme qui consulte à des fins personnelles des traitements automatisés comportant des données à caractère personnel. »
3. Proportionnalité de la sanction : En ce qui concerne la sanction de quinze jours d'arrêts, le tribunal a considéré que celle-ci était proportionnée aux manquements constatés. Il a été conclu que les responsabilités de M. C..., l'importance des faits reprochés et leur caractère répétitif justifiaient la décision du ministre, qui n'était pas disproportionnée : « le ministre de la défense n'a pas, dans les circonstances de l'espèce, pris une sanction disciplinaire disproportionnée. »
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes législatifs qui encadrent le comportement des militaires et le traitement des données personnelles :
1. Code de la défense - Article L. 4111-1 : Cet article stipule les obligations fondamentales que doivent respecter les militaires, notamment le « loyalisme et la neutralité », ce qui implique un comportement non seulement conforme à la loi mais également à l'éthique des fonctions militaires.
2. Code de la défense - Article D. 4122-1 : Cet article précise les devoirs des militaires en matière de comportement avec honneur et dignité et la nécessité de respecter les règlements militaires, y compris la protection des informations sensibles. Il dispose que « le militaire doit [...] observer les règlements militaires et en accepter les contraintes. »
3. Code pénal - Article 226-21 : Ce passage établit que « Le fait, par toute personne détentrice de données à caractère personnel [...] de détourner ces informations de leur finalité [...] est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. » Cela souligne la gravité des actes commis par M. C..., qui a enfreint les lois régissant l'accès aux données.
4. Code de procédure pénale - Article 230-10 : Cet article établit que « Les personnels spécialement habilités [...] peuvent accéder aux informations [...] et l'habilitation précise la nature des données auxquelles elle autorise l'accès. » Cela montre que M. C... a outrepassé ses prérogatives.
Ainsi, cette approche juridique illustre comment M. C... a, par ses actions, violé des normes légales et déontologiques diverses, engageant sa responsabilité disciplinaire et justifiant la sanction infligée.