Résumé de la décision :
La société Castorama France a été assujettie à des rappels de taxe sur les surfaces commerciales pour les années 2011 et 2012, en raison de l'application d'une réduction de taux de 30% qu'elle ne pouvait pas bénéficier selon l'administration, n'exerçant pas une activité de vente exclusive. Castorama a contesté cette décision devant le tribunal administratif de Dijon, qui a rejeté sa demande. En cassation, le Conseil d’État a annulé le jugement du tribunal administratif, reconnaissant que la condition d'exclusivité pour bénéficier de la réduction n'était pas prévue par la loi, et a renvoyé l'affaire au tribunal administratif. De plus, il a ordonné que l'État verse 2 000 euros à Castorama au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
1. Erreur de droit : Le Conseil d’État a jugé que le tribunal administratif a commis une erreur de droit en considérant que le pouvoir réglementaire avait illégalement introduit une condition d'exclusivité non stipulée par la loi. La décision souligne que cela entrave le bénéfice de la réduction pour les professions nécessitant des superficies de vente élevées, basant son jugement sur les dispositions législatives.
- Citation pertinente : "le pouvoir réglementaire s'est borné à déterminer le champ d'application de la mesure de réduction de taux prévue par le législateur."
2. Champ d'application de la loi : La décision établit que la réglementation a respecté son pouvoir délégué en définissant les modalités d'application de la réduction de taux, et que l'interprétation du tribunal administratif était erronée.
- Citation pertinente : "en se fondant, pour rejeter la demande de la requérante, sur ce que le pouvoir réglementaire avait... entaché les dispositions... d'illégalité."
Interprétations et citations légales :
1. Taxe sur les surfaces commerciales : L'article 3 de la loi n° 72-657 du 13 juillet 1972, qui institue une taxe sur les surfaces commerciales, stipule que "le bénéfice de la réduction de taux (...) est fixé à 30 p. 100 en ce qui concerne la vente exclusive des marchandises énumérées". Le législateur a ainsi prévu une réduction de taux spécifiquement pour les ventes effectuées à titre exclusif, illustrant l'importance de cette condition dans le cadre de l'application du taux réduit.
- Citation : "Il est institué une taxe sur les surfaces commerciales assise sur la surface de vente des magasins de commerce de détail."
2. Décret d'application : Le décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 renforce cette interprétation, soulignant que la faculté de réduire le taux de la taxe est conditionnée par la nature exclusive de l'activité. Cela démontre que le cadre réglementaire qui a été posé s'inscrit dans l'intention du législateur.
- Citation : "A. La réduction de taux prévue... est fixée à 30 p. 100 en ce qui concerne la vente exclusive des marchandises énumérées."
Ainsi, la décision du Conseil d’État souligne l'importance de l'interprétation fidèle aux textes législatifs et réglementaires en matière de fiscalité et clarifie les conditions applicables aux réductions de la taxe sur les surfaces commerciales.