Résumé de la décision
La société NC Numericable a contesté une délibération du conseil municipal d'Homécourt, qui a acté l'expiration de conventions de télécommunication et le retour automatique des équipements de réseau câblé à la commune. La société a demandé au juge des référés de suspendre cette délibération, alléguant des doutes sur la légalité de la décision. Le tribunal administratif de Nancy a rejeté cette demande, considérant qu'elle était irrecevable et que la condition d'urgence n'était pas remplie, car la réception du service n'était pas affectée. En conséquence, le pourvoi de NC Numericable a été rejeté, et la société a été condamnée à verser 3 000 euros à la commune pour frais.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la demande : Le juge des référés a jugé que la demande de la société NC Numericable était irrecevable car la délibération du 20 avril 2017 se borne à reconnaître que la commune prétend être propriétaire des équipements et ne produit pas, à elle seule, d'effets translatifs de propriété. En effet, "le litige relatif à la propriété de ces équipements était indépendant de l'exécution de cette délibération".
2. Absence d’effets susceptibles d'être suspendus : La décision indique également que la délibération ne comportait aucun effet juridique suspensif. Le juge a précisé que l’acte ne contenait pas d'éléments susceptibles d'être remis en question : "la délibération ... ne pouvait avoir, par elle-même, un quelconque effet translatif de propriété des équipements".
3. Non reconnaissance de l’urgence : Le juge a conclu que la condition d’urgence n’était pas remplie en raison de l’absence d’impact sur la réception du service pour les clients, bien que ce motif n’ait pas été déterminant dans le rejet.
Interprétations et citations légales
Le tribunal s’est fondé sur l’article L. 521-1 du Code de justice administrative, qui régit la suspension des décisions administratives. Ce texte stipule que : "Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, [...] peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision".
L’interprétation de cet article a conduit le juge à conclure que, bien que la société NC Numericable ait des doutes sur la légalité de la décision, ces doutes ne pouvaient conduire à la suspension car les effets juridiques de la délibération se limitaient à la reconnaissance d'un droit de propriété qui, en soi, n'était pas contesté.
Enfin, en référence à l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, le tribunal a décidé qu’aucune somme ne serait mise à la charge de la commune d’Homécourt, considérée comme non perdante, et a inversé les coûts en la faveur de la commune, établissant que "les dispositions de l'article L. 761-1 [...] font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de la commune".
Ainsi, ce jugement illustre non seulement la nécessité de démontrer l’effet préjudiciable d’une décision pour obtenir une suspension, mais également la distinction entre la simple reconnaissance de droits et les effets juridiques associés à ceux-ci.