Résumé de la décision
La décision s'intéresse à la question prioritaire de constitutionnalité soulevée par M. B..., qui conteste la conformité de certaines dispositions fiscales, notamment l'article 1732 et le 1 de l'article 1746 du code général des impôts, avec les droits et libertés garantis par la Constitution. Il soutient que ces dispositions, qui prévoient des sanctions distinctes pour des faits similaires d'opposition à un contrôle fiscal, violent le principe d'égalité devant la loi. Toutefois, le Conseil d'État conclut que la question prioritaire n'est pas sérieuse et ne sera donc pas renvoyée au Conseil constitutionnel. La requête de M. B... est rejetée et il n'y a pas de condamnation à des dépens.
Arguments pertinents
1. Sur la question prioritaire de constitutionnalité :
Le Conseil d'État affirme que le législateur peut instituer des sanctions administratives et pénales pour les mêmes actes, soulignant que cela n'empiète pas sur le principe d'égalité devant la loi. « L'objet même de la répression administrative étant d'instituer des sanctions d'une nature différente de celles prévues par la répression pénale... le principe d'égalité devant la loi ne fait pas obstacle à ce que le législateur prévoie, dans le but d'assurer la protection des intérêts financiers de l'État, la possibilité d'engager des procédures conduisant, d'une part, à l'application d'une sanction administrative, d'autre part, au prononcé d'une sanction pénale. »
2. Sur la requête d'annulation pour excès de pouvoir :
Le requérant reproduit simplement son argument relatif à l'égalité devant la loi, sans apporter d'éléments nouveaux. Par conséquent, le Conseil d'État conclut que son moyen doit être écarté en raison de l'absence de différenciation entre ses argumentations.
Interprétations et citations légales
1. Article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 : Ce texte permet de soulever une question prioritaire de constitutionnalité à toute étape d'une procédure devant le Conseil d'État, à condition que la disposition contestée soit applicable au litige, qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution, et qu'elle soit nouvelle ou présente un caractère sérieux.
2. Code général des impôts - Article 1732 : Cet article précise que la mise en œuvre de l'évaluation d'office entraîne une majoration de 100 % des droits rappelés. Le Conseil en conclut que cette disposition ne contrevient pas à l'égalité devant la loi, car elle statufie une sanction administrative distincte de la pénalité pénale prévue par l'article 1746.
3. Code général des impôts - Article 1746 : Cet article sanctionne pénalement le fait de rendre impossible l'accomplissement par les agents des fonctions d'infractions fiscales par une amende et potentiellement une peine d’emprisonnement. Le Conseil d'État souligne que la distinction entre la répression pénale et la répression administrative ne viole pas le principe d'égalité, assurant ainsi la protection des intérêts financiers de l'État.
Le Conseil d'État affirme ainsi que les deux types de sanctions répondent à des finalités différentes, renforçant la possibilité d'une hiérarchisation des normes. Par conséquent, la question prioritaire de constitutionnalité est jugée non sérieuse et la requête de M. B... est rejetée.