Résumé de la décision
Mme A...B... a demandé au tribunal administratif de Paris le bénéfice d'une pension de réversion en tant que veuve d'un ancien combattant. Le tribunal a rejeté sa demande comme irrecevable, estimant qu'elle n'avait pas élu domicile dans le ressort du tribunal. Mme B... a alors formé un pourvoi en cassation. La décision de la cour a annulé l'ordonnance du tribunal administratif, considérant que le rejet était fondé sur une erreur de droit. La cour a également attribué le jugement de la demande au tribunal des pensions de Montpellier et a ordonné à l'État de verser une somme de 1 000 euros à l'avocat de Mme B... sous certaines conditions.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la demande : La cour a souligné que, selon l'article R. 731-1 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre, les règles de recevabilité des demandes ne prévoient pas que les parties non représentées par un avocat et résidant à l'étranger doivent élire domicile en France. La présidente du tribunal administratif a donc commis une erreur en rejetant la demande de Mme B... pour ce motif.
> "En l'absence de toute disposition du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre ou de toute règle générale de procédure applicable aux juridictions administratives prévoyant que les parties non représentées par un avocat qui ont leur résidence en dehors du territoire français doivent y élire domicile, aucune fin de non-recevoir ne peut être opposée à un demandeur d'une pension de réversion."
2. Compétence des juridictions : La cour a précisé que jusqu'au 1er novembre 2019, les demandes de pension d'un conjoint survivant d'un titulaire de pension militaire d'invalidité relèvent des juridictions des pensions, et non des tribunaux administratifs.
> "Il résulte des dispositions citées au point précédent qu'une demande de pension d'un conjoint survivant d'un titulaire de pension militaire d'invalidité relève, jusqu'au 1er novembre 2019, de la compétence des juridictions des pensions."
Interprétations et citations légales
1. Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre - Article L. 141-2 : Cet article stipule que le droit à pension est ouvert au conjoint survivant lorsque le militaire est décédé en jouissance d'une pension correspondant à une invalidité égale ou supérieure à 60 %. Cela établit le fondement du droit de Mme B... à demander une pension de réversion.
> "Le droit à pension est ouvert au conjoint ou partenaire survivant mentionnés à l'article L. 141-1 : / 1° Lorsque le militaire est décédé en jouissance d'une pension définitive ou temporaire correspondant à une invalidité égale ou supérieure à 60 %."
2. Code de justice administrative - Article R. 731-1 : Cet article précise que les règles de recevabilité des demandes de pensions militaires d'invalidité sont déterminées par les dispositions de ce code et celles du code de procédure civile. Il n'impose pas d'élection de domicile pour les résidents à l'étranger.
> "Les règles de recevabilité des demandes de pensions militaires d'invalidité sont déterminées par les dispositions de ce code, par celles du code de procédure civile auxquelles elles renvoient expressément et, dans le silence de ce code, par les règles générales de procédure applicables aux juridictions administratives."
3. Décret n° 56-897 du 8 septembre 1956 : Ce décret fixe les modalités d'application de la loi portant création des cours d'appel d'Oran et de Constantine, précisant la compétence territoriale des tribunaux des pensions.
> "La wilaya de Tiaret, où réside Mme B..., est située dans le ressort de la cour d'appel d'Oran."
Ces éléments montrent que la décision de la cour s'appuie sur une interprétation rigoureuse des textes législatifs et réglementaires, garantissant ainsi le droit de Mme B... à faire valoir sa demande de pension de réversion.