Résumé de la décision
La société l'Essentiel conteste deux ordonnances du juge des référés du tribunal administratif de Montpellier : l'une, datée du 22 ou 26 octobre 2020, ordonnant son expulsion du domaine public qu'elle occupait au sein de la piscine Antigone, et l'autre, du 10 novembre 2020, rejetant sa demande pour mettre fin à cette mesure d'expulsion. Le Conseil d'État, prenant en compte l'irrégularité de la première ordonnance liée à l'inexactitude des dates, a annulé cette décision, ce qui rendait la deuxième ordonnance sans objet. En conséquence, le Conseil d'État a également condamné Montpellier Méditerranée Métropole à verser 3 000 euros à la société l'Essentiel au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Irrégularité de l'ordonnance : Le Conseil d'État a constaté que l'ordonnance du juge des référés comportait une ambiguïté sur la date de signature, mentionnant à la fois le 22 et le 26 octobre 2020. Cela constitue une irrégularité, justifiant l'annulation de cette ordonnance. La décision précise : "Cette ordonnance, dont les mentions ne permettent pas de savoir à quelle date elle est intervenue, est entachée pour ce motif d'irrégularité."
2. Conséquence de l'annulation : L'annulation de l'ordonnance d'expulsion rend inutile l'examen du deuxième pourvoi, puisque l'expulsion ordonnée n'est plus valide. Il est indiqué que "la société l'Essentiel est fondée, sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de son pourvoi, à en demander l'annulation."
3. Indemnisation des frais : Le Conseil d'État a condamné l'établissement Montpellier Méditerranée Métropole à verser 3 000 euros à l'Essentiel, considérant qu'elle n'était pas la partie perdante dans ce litige, ce qui est conforme aux dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Interprétations et citations légales
L'article R. 742-2 du code de justice administrative stipule que les décisions doivent comporter une date de signature précise : "Les ordonnances : 'font apparaître la date à laquelle elles ont été signées'." Cette exigence d'une date claire est essentielle pour garantir la transparence et le respect des droits des parties.
En outre, l'article L. 761-1 du code de justice administrative organise la possibilité de demander le remboursement des frais d'avocat : "La juridiction peut, dans ses décisions, condamner... à payer à l'autre partie la somme qu'elle détermine au titre des frais irrépétibles." Cette disposition vise à équilibrer les charges entre les parties en tenant compte de la réussite de l'une d'elles dans la procédure.
Dans le cas présent, le Conseil d'État, en annulant l'ordonnance d'expulsion en raison de l'irrégularité procédurale, protège ainsi les droits de la société l'Essentiel face à une procédure qui n'a pas respecté les standards juridiques requis.