Résumé de la décision
Dans l'arrêt n° 19PA02408 du 10 avril 2020, la cour administrative d'appel de Paris avait rejeté la requête de M. et Mme A..., qui contestaient des impositions fiscales établies à leur égard. Ils ont ensuite saisi le Conseil d'État par un pourvoi en cassation, demandant l'annulation de l'arrêt, le règlement de l'affaire au fond en leur faveur, ainsi que le remboursement de frais auprès de l'État. Le Conseil d'État a rejeté leur pourvoi, considérant que la question prioritaire de constitutionnalité soulevée n'avait pas de caractère sérieux, que les autres moyens invoqués n'étaient pas suffisants pour permettre l'admission du pourvoi et que l'imposition contestée était justifiée tant sur le fond que sur la forme.
Arguments pertinents
1. Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) : M. et Mme A... soutenaient que l'article L. 193 du livre des procédures fiscales, qui impose la charge de la preuve au contribuable en matière d'imposition d'office, méconnaissait l'objectif d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi ainsi que les droits de la défense garantis par l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Le Conseil d'État a répondu à cette QPC en considérant que l'imprécision de la notion de relation d'affaires n'entravait pas les droits de la défense et que la possibilité pour le contribuable de contester la nature imposable des sommes en question subsistait.
> « L'imprécision alléguée de la notion de relation d'affaires n'est ainsi, en tout état de cause, pas de nature à porter atteinte aux droits de la défense. »
2. Qualification des faits : Les requérants argumentaient que la cour avait insuffisamment motivé sa décision en établissant l'existence d'une relation d'affaires et en concluant à un manquement délibéré au sens de l'article 1729 du code général des impôts. Néanmoins, le Conseil d'État a estimé que ces arguments n'étaient pas de nature à permettre l'admission du pourvoi.
> « Aucun de ces moyens n'est de nature à permettre l'admission du pourvoi. »
Interprétations et citations légales
1. L'article L. 16 du livre des procédures fiscales : Cet article permet à l'administration fiscale de demander des justifications au contribuable dans le cas où les éléments en sa possession indiquent des revenus supérieurement déclarés. Cette disposition est importante pour établir l'obligation du contribuable de prouver l'origine des sommes en litige.
> Livre des procédures fiscales - Article L. 16 : "l'administration fiscale peut adresser au contribuable une demande de justifications lorsqu'elle a réuni des éléments permettant d'établir qu'il peut avoir des revenus plus importants que ceux qu'il a déclarés"
2. L'article L. 193 du livre des procédures fiscales : Il impose que la charge de la preuve incombe au contribuable qui demande la décharge ou la réduction de l'imposition afin d'établir que les sommes ne sont pas imposables.
> Livre des procédures fiscales - Article L. 193 : "dans tous les cas où une imposition a été établie d'office, la charge de la preuve incombe au contribuable qui demande la décharge ou la réduction de l'imposition."
3. L'article 1729 du code général des impôts : Cet article traite des manquements délibérés et des pénalités qui s'y rapportent. Le Conseil d'État a jugé que la qualification des faits concernant un manquement délibéré était correctement appliquée par la cour administrative d'appel, niant ainsi le recours des requérants.
> Code général des impôts - Article 1729 : "sont soumis à une majoration de 40 % les montants déclarés qui témoignent d'un manquement délibéré."
En conclusion, le Conseil d'État a jugé que les moyens soulevés par M. et Mme A... n’étaient pas fondés et n’entraient pas dans le cadre d’une admission en cassation, confirmant ainsi la légitimité des décisions administratives en matière fiscale.