Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B... a formulé une demande à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) le 7 avril 2015, demandant la communication de tous les documents contenant ses données personnelles pour la période du 19 février 2014 au 1er janvier 2015, en vertu de la protection des données personnelles. Face à l'absence de réponse de la CNIL après deux mois, il a contesté ce silence en saisissant le Conseil d'État, demandant l'annulation de la décision implicite de refus et enjoignant la société Nera propreté littoral à lui communiquer les documents requis. Le Conseil d'État a décidé de ne pas statuer sur la requête, concluant que la CNIL avait agi conformément à la loi en rejetant implicitement la demande.
Arguments pertinents
1. Nature de la demande : La décision précise que les demandes adressées à la CNIL par des individus, telles que celles de M. B..., sont considérées comme des "réclamations" au sens de la loi. Cette interprétation se base sur l'article 11 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, qui définit les missions de la CNIL. Le silence de l'administration au-delà du délai imparti doit être interprété comme un rejet.
> "Par suite, le silence gardé par la CNIL pendant deux mois sur ces réclamations vaut décision de rejet de la demande de mise en œuvre des pouvoirs d'enquête dont elle peut faire usage."
2. Accusé de réception : Le Conseil d'État note que M. B... n'a reçu qu'un accusé de réception de la CNIL, mais cela ne modifie pas la nature de son recours, au regard des éléments d'enquête que la CNIL a par la suite fournis sur l’enquête mené auprès de la société Nera propreté littoral.
3. Conclusion de la CNIL : La CNIL a informé M. B... qu'il avait déjà reçu certains documents et que la société Nera ne conservait pas d'enregistrements des appels. Cela conduit à la conclusion que la plainte de M. B... n'avait pas de fondement suffisant pour justifier une intervention de la CNIL.
Interprétations et citations légales
L'interprétation des textes de loi est cruciale dans ce jugement. Deux lois principales ont été citées :
1. Loi n°78-17 du 6 janvier 1978 - Article 11 : Cet article énonce les missions de la CNIL, qui incluent la réponse aux plaintes concernant le traitement des données personnelles. Il précise que la CNIL est une autorité administrative indépendante chargée d'assurer la conformité de ces traitements.
> "Elle veille à ce que les traitements de données à caractère personnel soient mis en œuvre conformément aux dispositions de la présente loi."
2. Loi n°2000-321 du 12 avril 2000 - Article 21 : Ce texte stipule que le silence de l'administration dans le cadre de demandes spécifiques peut être interprété différemment selon la nature de ces demandes. En l'espèce, toute réclamation ou recours administratif entraîne un silence qui équivaut à un rejet.
> "Le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative sur une demande vaut décision de rejet : (...) 2° Lorsque la demande présente le caractère d'une réclamation ou d'un recours administratif."
En conclusion, cette décision met en lumière l'importance de la qualification des demandes faites aux autorités administratives, ainsi que l'application stricte des délais de réponse et les conséquences du silence administratif dans le cadre de la loi sur la protection des données personnelles.