Résumé de la décision
La société Etares, exploitant un centre de tri, de valorisation des déchets et un centre d’enfouissement des déchets à Rogerville, conteste le jugement du tribunal administratif de Rouen qui ne lui a pas accordé de décharge des cotisations de taxe foncière sur les propriétés bâties pour l'année 2012, bien qu'il ait reconnu le caractère industriel des établissements. La société se pourvoit en cassation, notamment sur deux points : les dépenses relatives aux plantations et haies, et la taxe foncière concernant les alvéoles d’enfouissement. Le Conseil d'État annule partiellement le jugement en ce qui concerne ces alvéoles, statuant que celles-ci doivent être considérées comme des installations destinées à stocker des produits, et accorde à la société Etares une somme de 2 000 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Sur les haies et plantations : Le tribunal administratif a estimé que la seule production de photographies ne suffisait pas à établir que les dépenses engagées pour la végétalisation et les plantations pouvaient être considérées comme des "clôtures de haies". Le Conseil d'État valide cette appréciation en considérant que les éléments matériels fournis n'étaient pas suffisants, affirmant que "la seule production de photographies ne permettait pas d'établir" la qualification des dépenses.
2. Sur les alvéoles d'enfouissement : Le Conseil d'État juge que ces alvéoles doivent être considérées comme des installations "à perpétuelle demeure" destinées à stocker des produits selon l’article 1381 du code général des impôts, contrairement à l’interprétation du tribunal administratif. Cela conduit à un constat d'inexactitude sur la qualification des faits concernant ces alvéoles.
Interprétations et citations légales
L’interprétation des textes de loi s’articule principalement autour des articles du Code général des impôts en ce qui concerne la taxe foncière sur les propriétés bâties :
- Code général des impôts - Article 1381 : "Sont également soumis à la taxe foncière sur les propriétés bâties : 1° Les installations destinées à abriter des personnes ou des biens ou à stocker des produits ainsi que les ouvrages en maçonnerie présentant le caractère de véritables constructions." 
- Code général des impôts - Article 1382 : "Sont exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties : (...) / 11° Les outillages et autres installations et moyens matériels d'exploitation des établissements industriels."
Le Conseil d'État, en annulant partiellement le jugement, déclare que les alvéoles étaient des installations en raison de leur nature et de leur fonction, ce qui les exclut des catégories de biens soumis à la taxe foncière. Cette décision souligne l'importance de la qualification exacte des installations industrielles pour l’évaluation fiscale, ancrée dans l’article 1381.
Enfin, le Conseil d'État fait le lien entre les conclusions formulées par la société et la reconnaissance de ses droits à un remboursement partiel, affirmant que "la société Etares est fondée à demander l'annulation" en fonction des circonstances de l'affaire, conduisant ainsi à la décision de versement de 2 000 euros au titre des frais de justice.