Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société Garovito Construções LDA, établie au Portugal, conteste un arrêt de la cour administrative d'appel de Nancy qui avait rejeté son appel contre un jugement du tribunal administratif de Nancy. Ce dernier arrêt rejetait la demande de la société visant à obtenir la décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés et des rappels de taxe sur la valeur ajoutée issus d'une vérification de sa comptabilité. Le Conseil d'État annule en partie l'arrêt de la cour d'appel pour insuffisance de motivation en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, et renvoie l'affaire devant la cour administrative d'appel de Nancy. Par ailleurs, il accorde à la société la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité en matière de vérification de comptabilité : La société a soulevé que la procédure d'imposition était irrégulière car l'avis de vérification ne mentionnait pas explicitement les impôts concernés et n'avait été envoyé qu'à un mandataire désigné pour la TVA, sans référence à l'impôt sur les sociétés. Le Conseil d'État a établi que la cour administrative d'appel avait omis de répondre à ce moyen, ce qui constitue une insuffisance de motivation : « en s'abstenant de répondre au moyen de la société tiré du défaut de qualité de son mandataire désigné [...] la cour administrative d'appel de Nancy a entaché son arrêt d'une insuffisance de motivation. »
2. Droit à un examen contradictoire : Conformément à l'article L. 47 du livre des procédures fiscales, un examen contradictoire doit être précédé d'un avis de vérification de la situation fiscale de la personne concernée, spécifiant les années et taxations pertinentes. L'absence de cette mention dans l'avis de vérification engage la nullité de la procédure.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 47 du livre des procédures fiscales : Cet article stipule que « Un examen contradictoire de la situation fiscale personnelle [...] ne peut être engagé sans que le contribuable en ait été informé par l'envoi ou la remise d'un avis de vérification. [...] cet avis doit préciser les années soumises à vérification [...] que le contribuable a la faculté de se faire assister par un conseil de son choix. »
- Cette disposition garantit le droit des contribuables à être informés sur les modalités de la vérification et des droits qui leur sont accordés, élément essentiel pour assurer leur protection dans le cadre des contrôles fiscaux.
2. Article 95 de l'annexe III au code général des impôts : Cet article permet aux assujettis d'un autre État membre de désigner un mandataire pour gérer certaines formalités fiscales. La cour devait examiner si la désignation pour la TVA pouvait s'étendre à l'impôt sur les sociétés, ce qu'elle n'a pas fait.
- Cet article précise : « Les assujettis établis dans un autre Etat membre de l'Union européenne [...] peuvent désigner un mandataire pour effectuer, sous la responsabilité exclusive de leur mandant, tout ou partie des formalités incombant à ces personnes. »
Ces normes légales sont interprétées comme étant en faveur d'une protection accrue des contribuables, qui ne doivent pas être victimes d'une imposition fondée sur des procédures irrégulières ou non transparentes. La nécessité de répondre adéquatement à chaque argument soulevé par les contribuables est également mise en avant par la décision, affirmant l'obligation des juridictions administratives d’analyser en profondeur les arguments présentés.
En somme, le Conseil d'État a réaffirmé l'importance d'une procédure conforme aux exigences légales pour garantir les droits des contribuables.