Résumé de la décision
La société IVG Institutional Funds GmbH, désormais Triuva Kapitalverwaltungsgesellschaft mbH, a demandé la restitution d'une contribution exceptionnelle sur l'impôt sur les sociétés qu'elle avait acquittée pour les exercices 2011 et 2012. Le tribunal administratif de Montreuil a partiellement accueilli sa demande en annulant la contribution pour l'exercice 2012. Cependant, la cour administrative d'appel de Versailles a rejeté l'appel de la société. La décision de la cour a été annulée par le Conseil d'État, qui a jugé que la cour avait commis une erreur de droit en intégrant les plus-values des cessions d'immeubles dans le chiffre d'affaires de la société sans évaluer si ces cessions faisaient partie de son activité normale.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : La cour administrative d'appel a jugé que les cessions d'immeubles de la société devaient être considérées comme faisant partie de son activité normale, sans examiner si ces opérations s'inscrivaient dans le modèle économique de l'entreprise. Le Conseil d'État a souligné que cette approche était erronée, car elle ne tenait pas compte de la nature des activités de la société.
> "En jugeant, au seul motif de leur caractère récurrent ainsi que de leur importance et de leur nombre, que les cessions d'immeubles opérées par la société IVG Institutional Funds GmbH devaient être regardées comme entrant dans l'activité normale de la société, la cour a commis une erreur de droit."
2. Critères d'assujettissement : Le Conseil d'État a rappelé que le seuil de chiffre d'affaires de 250 millions d'euros, qui déclenche l'assujettissement à la contribution exceptionnelle, doit être évalué en tenant compte des recettes tirées de l'ensemble des opérations réalisées par le redevable dans le cadre de son activité professionnelle normale.
> "Ce seuil s'apprécie par référence aux recettes tirées de l'ensemble des opérations réalisées par le redevable dans le cadre de son activité professionnelle normale."
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 235 ter ZAA : Cet article stipule que les redevables de l'impôt sur les sociétés dont le chiffre d'affaires dépasse 250 millions d'euros sont assujettis à une contribution exceptionnelle. Le texte précise que le chiffre d'affaires doit inclure toutes les opérations réalisées, qu'elles soient en France ou à l'étranger.
> "Les redevables de l'impôt sur les sociétés réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros sont assujettis à une contribution exceptionnelle égale à une fraction de cet impôt calculé sur leurs résultats imposables."
2. Loi n° 2011-1978 du 28 décembre 2011 : Cette loi a introduit la contribution exceptionnelle, visant à imposer davantage les grandes entreprises en raison de leur capacité contributive. Les travaux préparatoires de cette loi indiquent clairement l'intention du législateur de soumettre les grandes entreprises à une contribution supplémentaire.
> "Le législateur a entendu soumettre les grandes entreprises à une contribution supplémentaire, compte tenu de leurs capacités contributives plus fortes."
En conclusion, la décision du Conseil d'État souligne l'importance d'une évaluation précise des activités d'une entreprise pour déterminer son assujettissement à des contributions fiscales, en se basant sur la nature de ses opérations et son modèle économique.