Résumé de la décision
La société Groupe Sibuet a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité concernant l'article 231 du Code général des impôts, interprété par le Conseil d'État dans sa décision n° 388676 du 21 janvier 2016. Cette interprétation affirmait que les rémunérations des dirigeants de sociétés visées par le code de la sécurité sociale sont soumises à une taxe sur les salaires, alignant ainsi l'assiette de cette taxe sur celle des cotisations sociales. La société contestait cette interprétation, arguant qu'elle portait atteinte à la garantie des droits constitutionnelle. Toutefois, le Conseil d'État a décidé de ne pas renvoyer la question au Conseil constitutionnel, considérant que la question n'était pas sérieuse, car la loi est accessible et intelligible.
Arguments pertinents
1. Applicabilité des dispositions contestées : La décision souligne qu'une question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée si la disposition contestée est applicable au litige. La société Groupe Sibuet soutenait que l'interprétation de l'article 231 du Code général des impôts portait atteinte à ses droits, mais le Conseil a jugé que cette question n'était pas nouvelle, ni sérieuse.
> "La question de constitutionnalité invoquée, qui n'est pas nouvelle, ne présente pas un caractère sérieux."
2. Accessibilité et intelligibilité de la loi : Le Conseil a affirmé que le renvoi aux dispositions des codes de la sécurité sociale et rural ne contrevient pas à l'objectif d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi.
> "Ce renvoi, par lui-même, ne méconnaît pas l'objectif à valeur constitutionnelle d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi."
3. Interprétation jurisprudentielle : Le Conseil d'État a souligné que l'interprétation donnée en 2016 n'avait pas pu porter atteinte aux situations fondées sur une interprétation antérieure différente, puisqu'elle était la première à être donnée.
> "Cette décision n'a pu, en tout état de cause, porter atteinte à des situations qui, se fondant sur une interprétation antérieure différente, auraient pu être regardées comme étant légalement acquises."
Interprétations et citations légales
1. Article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 : Cet article stipule que la question prioritaire de constitutionnalité doit être soulevée dans certaines conditions, notamment l'applicabilité au litige et que la question ne doit pas avoir déjà été déclarée conforme.
2. Code général des impôts - Article 231 : Cet article fixe l'assiette de la taxe sur les salaires et précise que celle-ci est égale à 4,25 % des rémunérations. Il fait référence aux règles définies dans le code de la sécurité sociale et le code rural, ce qui a été interprété par le Conseil d'État dans sa décision de 2016.
> "Les sommes payées à titre de rémunérations sont soumises à une taxe sur les salaires égale à 4,25 % de leur montant, évalué selon les règles prévues aux chapitres Ier et II du titre IV du livre II du code de la sécurité sociale."
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 16 : Cet article stipule que la garantie des droits doit être assurée dans une société, ce que la société Groupe Sibuet invoquait pour contester l'interprétation de l'article 231.
> "Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution."
En conclusion, la décision illustre la manière dont le Conseil d'État évalue la sérieux d'une question prioritaire de constitutionnalité tout en confirmant que les lois sont suffisamment accessibles et intelligibles pour garantir les droits des justiciables.