Résumé de la décision
M. et Mme A..., ayant quitté la France pour la Suisse à la fin de 2007, ont cédé des titres de participation dans la société Codymo en mars 2008. L'administration fiscale française les a considérés comme résidents fiscaux français jusqu'à cette date, intégrant leurs gains à leur imposition pour l'année 2008. Après un rejet de leur contestation par le tribunal administratif de Grenoble, ils ont porté l'affaire en appel devant la cour administrative d'appel de Lyon, qui a également rejeté leur demande. En cassation, le Conseil d'État a annulé cet arrêt, soulignant que la cour avait commis des erreurs de droit en exigeant des certificats de résidence non requis pour déterminer leur statut fiscal et en violant l’interprétation convenue des articles de la convention fiscale franco-suisse.
Arguments pertinents
1. Statut de résident fiscal : La cour a jugé à tort que M. et Mme A... ne pouvaient pas être considérés comme résidents suisses sur la seule base que leurs certificats ne respectaient pas les conditions de l'article 31 de la convention fiscale. Le Conseil d'État a précisé que la détermination de la résidence fiscale ne dépend pas de ces certificats pour bénéficier des avantages de la convention.
- Citation clé : « en jugeant que M. et Mme A... ne pouvaient être considérés comme résidents suisses au seul motif que les certificats qu'ils produisaient ne remplissaient pas les conditions fixées à l'article 31 de la convention, la cour administrative d'appel de Lyon a commis une erreur de droit. »
2. Interprétation des articles de la convention fiscale : Le Conseil d'État a fait référence à une interprétation conjointe entre les autorités fiscales française et suisse, indiquant que les personnes physiques assujetties à un impôt à forfait en Suisse peuvent être considérées comme résidents selon des critères spécifiques.
- Citation clé : « cette base cantonale et communale devant, en tout état de cause, être égale ou supérieure aux éléments du revenu du contribuable qui proviennent de Suisse et de France. »
3. Non-requête du formulaire d'attestation : Le Conseil a également statué que la présentation du formulaire d'attestation de résidence n'était pas requise par la convention pour établir la résidence fiscale.
- Citation clé : « la présentation du formulaire d'attestation de résidence [...] n'est pas davantage évoquée par la doctrine administrative précédemment mentionnée. »
Interprétations et citations légales
1. Constitution de la résidence fiscale : La convention fiscale franco-suisse définit la résidence d'une personne physique dans l'article 4, indiquant que toute personne assujettie à l'impôt dans un État à cause de son domicile ou de sa résidence est considérée comme résident.
- Convention fiscale franco-suisse - Article 4 : « l'expression "résident d'un Etat contractant" désigne toute personne qui, en vertu de la législation dudit Etat, est assujettie à l'impôt dans cet Etat en raison de son domicile, de sa résidence, de son siège de direction ou de tout autre critère de nature analogue. »
2. Conditions d'avantages fiscaux : L'article 31 de la convention précise que pour obtenir des avantages, il est requis de présenter un formulaire d'attestation de résidence, mais cela ne conditionne pas la définition de la résidence fiscale elle-même.
- Convention fiscale franco-suisse - Article 31 : « Pour obtenir dans un Etat contractant les avantages prévus par la présente convention, les résidents de l'autre Etat contractant doivent présenter un formulaire d'attestation de résidence. »
3. Doctrine fiscale administrative : L’interprétation de la doctrine fiscale française sur la qualité de résident en Suisse pour les taxation à forfait était basée sur des critères de résidence identifiant des bases d’imposition précises.
- Documentation fiscale de base - 14 B-2211 n° 7 : précisant les conditions d'imposition pour les résidents fiscalement assujettis en Suisse, stipulant que la base d'imposition doit dépasser certaines valeurs en fonction de la valeur locative ou du prix de pension.
Ces éléments permettent de comprendre les enjeux de l'affaire et l'importance des interprétations juridiques dans les conventions fiscales internationales.