Résumé de la décision
La société Hôtel Restaurant Luccotel a contesté une évaluation de l'usufruit de parts sociales cédé par la SCI LBA, qui avait été rehaussée par l'administration fiscale. L'administration avait estimé la valeur de l'usufruit à 632 993 euros, alors que la société l'avait initialement évaluée à 460 euros. Après avoir rejeté les demandes de la société, la cour administrative d'appel de Nantes a été saisie, mais a également confirmé la position de l'administration. La société s'est alors pourvue en cassation. La décision de la Cour administrative de Nantes a été annulée, car la méthode d'évaluation utilisée par l'administration ne tenait pas compte des distributions prévisionnelles, ce qui constitue une erreur de droit.
Arguments pertinents
1. Méthode d'évaluation de l'usufruit : La cour a jugé que l'administration fiscale avait utilisé une méthode d'évaluation fondée sur les résultats imposables prévisionnels de la société, ce qui était inapproprié. Selon la Cour, "l'évaluation du revenu futur attendu par un usufruitier de parts sociales ne peut avoir pour objet que de déterminer le montant des distributions prévisionnelles".
2. Droit de l'usufruitier : La décision rappelle que l'usufruitier a droit uniquement aux dividendes distribués, conformément à l'article 582 du Code civil. Cela signifie que l'évaluation de l'usufruit doit se baser sur les distributions réelles et prévisibles, et non sur des résultats théoriques.
3. Erreur de droit : La cour a conclu que la cour administrative d'appel avait commis une erreur de droit en validant la méthode d'évaluation de l'administration, ce qui a conduit à l'annulation de l'arrêt.
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 38 : Cet article définit le bénéfice net comme la différence entre les valeurs de l'actif net à la clôture et à l'ouverture de la période. Il précise que l'actif net doit être évalué en tenant compte des créances des tiers, des amortissements et des provisions justifiées. Cela souligne l'importance d'une évaluation précise et conforme aux normes comptables.
2. Code général des impôts - Article 38 quinquies : Cet article stipule que les immobilisations doivent être inscrites au bilan pour leur valeur d'origine, qui pour les acquisitions à titre onéreux, est le coût d'acquisition. Pour les acquisitions à titre gratuit, la valeur vénale est utilisée. Cela implique que l'évaluation de l'usufruit doit se baser sur des critères objectifs et mesurables.
3. Code civil - Article 582 : Cet article précise que l'usufruitier a droit à la jouissance des fruits, ce qui inclut les dividendes. Cela renforce l'idée que l'évaluation de l'usufruit doit se concentrer sur les distributions réelles et prévisibles, et non sur des projections de bénéfices.
En conclusion, la décision met en lumière l'importance d'une évaluation correcte et conforme aux dispositions légales en matière de démembrement de droits sociaux, en insistant sur le fait que l'usufruit doit être évalué en fonction des distributions prévisionnelles et non des résultats imposables théoriques.