Résumé de la décision
L'Institut catholique de Lille a contesté la décision de la cour administrative d'appel de Douai qui rejetait sa demande de restitution de la taxe sur les salaires versée pour la période du 1er septembre 2007 au 31 décembre 2009. Cette décision était fondée sur le fait que l'Institut, bien qu'établissant des formations conduisant à des diplômes d'État, ne parvenait pas à prouver que les rémunérations versées à ses personnels de santé pouvaient bénéficier de l'exonération de cette taxe en raison de la difficulté à différencier la part pédagogique et hospitalière des salaires. Cependant, le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, considérant que cette dernière avait commis une erreur de droit en se fondant sur la nature des fonctions plutôt que sur le statut de l’établissement. Il a également ordonné à l'État de verser 3 500 euros à l'Institut au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Exonération de la taxe sur les salaires : L'article 231 du code général des impôts stipule que certains établissements d'enseignement supérieur peuvent être exonérés de cette taxe. Le Conseil d'État a affirmé que cette exonération s'applique à toutes les rémunérations versées aux salariés, tant qu'ils exercent des activités en lien avec l'enseignement supérieur sanctionnant cinq années d'études après le baccalauréat.
2. Charge de la preuve : La cour d'appel a déclaré que l'Institut avait la charge de prouver la nature des rémunérations, mais le Conseil d'État a jugé qu'il était incorrect de se concentrer sur la distinction entre les activités hospitalières et pédagogiques pour déterminer l'éligibilité à l'exonération.
> "Il incombait seulement de rechercher si, compte tenu des statuts de l'Institut catholique de Lille, les personnels en cause devaient être regardés comme étant employés par un établissement d'enseignement supérieur répondant aux conditions fixées par les dispositions".
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article 231 du code général des impôts :
- Les conditions d'éligibilité à l'exonération sont strictes et concernent tous les établissements qui remplissent les critères d'enseignement supérieur, ce qui inclut des formations sanctionnées par l'État après cinq ans d'études. Ainsi, les établissements privés comme l'Institut catholique de Lille sont inclus.
> "Les établissements d'enseignement supérieur visés au livre VII du code de l'éducation [...] qui paient ces rémunérations [...]". (Code général des impôts - Article 231).
2. Répartition de la charge de la preuve :
- Le Conseil d'État souligne que la cour a mal interprété la charge de la preuve en exigeant une distinction non prévue par la loi. C'est en réalité la qualité de l'établissement qui détermine l'application de l'exonération.
> "Il résulte de ce qui a été dit au point 2 qu'en se fondant sur la nature des fonctions exercées par les personnels rémunérés par l'Institut [...] la cour a commis une erreur de droit".
En conclusion, cette décision du Conseil d'État renforce l'idée que les établissements d'enseignement supérieur reconnus, y compris ceux à but non lucratif, peuvent bénéficier d'exonérations fiscales sans avoir à segmenter leurs activités par type de rémunération, tant qu'ils remplissent les critères d'obtention de diplômes d'État.