Résumé de la décision
La société Lapeyre, exploitant plusieurs établissements de vente, a contesté une ordonnance du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui avait rejeté sa demande de décharge de cotisations supplémentaires de taxe sur les surfaces commerciales. Cette cotisation a été imposée suite à la correction par l'administration fiscale, laquelle estimait que la société avait appliqué à tort une réduction de 30 % sur la taxe concernée. Le conseil d'État a annulé l'ordonnance du tribunal administratif, considérant que l'argument de la société Lapeyre relatif à une différence de traitement injustifiée dans l'application de la loi était fondé. Il a aussi décidé de renvoyer l'affaire au tribunal administratif pour qu'elle soit examinée au fond et a ordonné un versement de 3 000 euros à titre de frais de justice.
Arguments pertinents
1. Sur le fondement légal : La société Lapeyre a soutenu que les conditions imposées par le décret n° 95-85, qui limitent la réduction de 30 % à la vente exclusive de certaines marchandises, créent une différence de traitement injustifiée entre les commerçants. Le Conseil d'État a reconnu que ce critère d'exclusivité, spécifié par le décret, représente un obstacle à l'égalité devant la loi et les charges publiques.
> "Il ressort des énonciations de l'ordonnance attaquée que la société Lapeyre soutenait que les dispositions... créaient une différence de traitement injustifiée..."
2. Erreur de droit : Le Conseil d'État a souligné que le tribunal administratif a commis une erreur de droit en écartant le moyen tiré de l'inconstitutionnalité des dispositions en question, en confondant les différences de base entre le décret et la loi.
> "En écartant le moyen tiré de l'inconstitutionnalité... l'auteur de l'ordonnance a commis une erreur de droit."
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 : L'article 3 de cette loi établit la base de la taxe sur les surfaces commerciales, définissant le cadre pour l'application de la réduction de taux.
> "Il est institué une taxe sur les surfaces commerciales assise sur la surface de vente... dès lors qu'elle dépasse quatre cents mètres carrés."
2. Décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 : Le décret précise les conditions selon lesquelles une réduction de 30 % peut être accordée, notamment à ceux qui vendent exclusivement certains types de marchandises.
> "La réduction de taux prévue au troisième alinéa de l'article 3... est fixée à 30 % en ce qui concerne la vente exclusive des marchandises énumérées..."
3. Violation du principe d'égalité : Le Conseil d'État a fait référence au principe d'égalité devant la loi et les charges publiques, stipulé dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
> "Violant ainsi le principe d'égalité devant la loi et les charges publiques, garanti par les articles 6 et 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789."
En conclusion, la décision du Conseil d'État souligne l'importance d'une application équitable des lois fiscales, en veillant à ce que les obligations fiscales imposées aux contribuables respectent les principes fondamentaux d'égalité et de non-discrimination. La redirection de l'affaire au tribunal administratif permettra une réévaluation conforme à cette interprétation.