Résumé de la décision :
Dans cette affaire, la société Europe Automobiles a contesté une ordonnance du premier vice-président de la cour administrative d'appel de Lyon, qui avait donné acte de son désistement suite à l'absence de réponse de la requérante à une demande de confirmation quant au maintien de sa demande. Le Conseil d'État a annulé cette ordonnance, estimant qu'il n'y avait pas eu usage abusif de la faculté d’inviter le requérant à confirmer ses conclusions. Il a également indiqué que, pour pouvoir statuer sur le pourvoi contre le jugement du tribunal administratif de Grenoble, la société devait régulariser sa demande en procédant à la désignation d'un avocat, conformément aux exigences du code de justice administrative.
Arguments pertinents :
1. Absence de réponse et interprétation du désistement : Le Conseil d'État a jugé que l'absence de réponse de la société Europe Automobiles au courrier l'invitant à confirmer le maintien de sa requête ne pouvait pas, en l'état, être interprétée comme un désistement. Cela a été soutenu par le principe stipulé dans l'article R. 612-5-1 du code de justice administrative, où il est précisé que le silence du requérant ne peut être considéré comme une renonciation à l'instance.
> "Il appartient néanmoins au juge de cassation de censurer l'ordonnance... en cas d'usage abusif de la faculté ouverte par l'article R. 612-5-1 du code de justice administrative."
2. Compétence de la cour administrative : Le Conseil a rappelé que la cour administrative d'appel de Lyon n'était pas compétente pour traiter la requête émanant de la société, car le tribunal administratif statue en premier et dernier ressort pour les litiges relatifs à la taxe sur les surfaces commerciales pour les années considérées. Ceci souligne l'importance d'une bonne compréhension des compétences des juridictions.
> "Le tribunal administratif statue en premier et dernier ressort sur les litiges relatifs à la taxe sur les surfaces commerciales."
3. Régularisation du pourvoi : Avant de statuer sur le fond du pourvoi, le Conseil d'État a exigé que la société Europe Automobiles régularise sa situation en désignant un avocat, conformément à l'article R. 821-3 du code de justice administrative.
> "Le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation est obligatoire pour l'introduction, devant le Conseil d'Etat, des recours en cassation..."
Interprétations et citations légales :
1. Article R. 612-5-1 du Code de justice administrative : Cet article permet au juge d'inviter un requérant à confirmer le maintien de ses conclusions et précise les implications d'un défaut de réponse. Son utilisation doit être faite prudemment pour éviter l’abus de pouvoir.
> "Lorsque l'état du dossier permet de s'interroger sur l'intérêt que la requête conserve pour son auteur, le président... peut inviter le requérant à confirmer expressément le maintien de ses conclusions."
2. Article R. 821-3 du Code de justice administrative : Cet article impose la représentation par un avocat pour introduire un pourvoi en cassation, illustrant une norme de procédure essentielle que les requérants doivent respecter pour que leur démarche soit validée.
> "Le ministère d'un avocat au Conseil d'Etat... est obligatoire pour l'introduction, devant le Conseil d'Etat, des recours en cassation..."
En somme, la décision du Conseil d'État renforce l'idée d'une interprétation stricte des exigences procédurales tout en visant à éviter des abus dans le processus décisionnel des juridictions administratives.