Résumé de la décision
La société Boucherie David a été assujettie à des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés concernant ses exercices clos en 2010, 2011 et 2012. Cette imposition résultait de la réintégration dans ses résultats d'un solde créditeur du compte courant d'associé de M. A.... Après avoir été déboutée par le tribunal administratif puis par la cour administrative d'appel de Paris, la société a formé un pourvoi devant le Conseil d'Etat. Ce dernier a partiellement admis la demande de la société, annulant l'arrêt de la cour d'appel en raison d'une insuffisance de motivation dans l'appréciation des justificatifs fournis. L affaire a été renvoyée à la cour d'appel, et l'Etat a été condamné à verser 1 500 euros à la société au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation : Le Conseil d'Etat a constaté que la cour administrative d'appel n'avait pas examiné tous les éléments justificatifs présentés par la société, pour les périodes allant de 2004 à 2008, afin de justifier la présence d'une dette au passif du bilan. Il a souligné que cette omission constituait une "insuffisance de motivation", ce qui est un manquement procédural significatif.
- « En omettant de se prononcer sur l'ensemble des éléments justificatifs (…) la cour a entaché son arrêt d'insuffisance de motivation. »
2. Déformation des preuves : Le Conseil d'Etat a également relevé une dénaturation des pièces produites par la société pour sa défense. En effet, la cour d'appel avait jugé que certains documents ne permettaient pas d'établir un lien entre les sommes portées au crédit du compte courant et les mouvements effectués par M. A..., remettant ainsi en question la validité des conclusions de la Boucherie David.
- « En jugeant que les documents (…) ne permettaient aucun rapprochement (…) la cour a dénaturé les pièces du dossier. »
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur les dispositions du Code général des impôts, plus précisément :
- Code général des impôts - Article 38 : Cet article détermine comment le bénéfice net d'une société est calculé, notamment en considérant la différence entre les actifs nets à l'ouverture et à la clôture de l'exercice.
- « Le bénéfice net est constitué par la différence entre les valeurs de l'actif net… diminuée des suppléments d'apport et augmentée des prélèvements effectués au cours de cette période. »
La responsabilité de justifier les dettes inscrites au passif incombe clairement au contribuable, tel que précisé dans les paragraphes 3 et 4 :
- Code général des impôts - Article 209 : Il précise que les dispositions du Code appliquées à l’impôt sur les sociétés doivent être respectées, s'appuyant sur l'article 38 cité précédemment pour établir le fondement juridique.
Ainsi, le manquement de la cour d'appel à considérer tous les éléments de preuve, ainsi que la prétendue dénaturation des pièces, ont été déterminants dans la décision du Conseil d'Etat, qui a mis en avant l'importance des obligations de motivation et d'examen des preuves dans le processus judiciaire fiscal.