Résumé de la décision :
La décision issue du Conseil d'État concerne une demande de relogement formulée par Mme A..., reconnue prioritaire par la commission de médiation de Paris. Malgré un jugement du tribunal administratif de Paris du 24 juin 2014, enjoignant l'État à assurer son relogement, l'État a manqué à cette obligation, entraînant des préjudices pour Mme A... et son fils. Elle se pourvoit en cassation contre le jugement du 21 octobre 2015, qui avait rejeté sa demande d'indemnisation pour le préjudice résultant de la carence de l'État. Le Conseil d'État annule le jugement du tribunal administratif, reconnaissant la faute de l'État et son obligation de réparer le préjudice subi par Mme A... en raison de cette carence.
Arguments pertinents :
1. Carence fautive de l'État : Le Conseil d'État affirme que l'État engage sa responsabilité en cas de carence dans l'exécution d'une décision de relogement dans les délais impartis. Il souligne que « lorsque… le juge administratif a ordonné son logement… la carence fautive de l'État à exécuter ces décisions dans le délai imparti engage sa responsabilité ».
2. Troubles dans les conditions d'existence : Le souci central est d'évaluer les préjudices subis par le demandeur. Le Conseil d'État précise que les troubles occasionnés doivent être appréciés en tenant compte « des conditions de logement qui ont perduré du fait de la carence de l'État, de la durée de cette carence et du nombre de personnes composant le foyer du demandeur ».
3. Droit à réparation : Le Conseil d'État conclut que le tribunal administratif n'a pas correctement reconnu le préjudice subi par Mme A..., ce qui constitue une erreur de droit. Il indique que la situation motivée par la décision de la commission persistait et causait effectivement des troubles dans ses conditions d'existence.
Interprétations et citations légales :
La décision repose sur des dispositions claires du Code de la construction et de l’habitation, notamment :
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 : Ce texte prévoit la reconnaissance des personnes prioritaires pour un relogement en urgence. Sa violation par l'État est essentielle à l'établissement de la faute.
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 443-2-3-1 : Cet article stipule que le juge administratif peut enjoindre l'État à procéder à un relogement, créant une obligation légale d'exécution dans un cadre temporel donné.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 et Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Ces articles régissent l'indemnisation des frais de justice des avocats à la charge de l'État en cas de litige ayant abouti à une reconnaissance de la responsabilité de l'administration.
En somme, la décision du Conseil d'État clarifie l'obligation de l'État à engager sa responsabilité en cas de carence dans le relogement des individus reconnus prioritaires, et souligne l'importance de l'indemnisation des préjudices subis du fait de cette carence, tout en se fondant sur des dispositions légales précises.