Résumé de la décision
La société E-Motors, spécialisée dans la vente de véhicules et située à Lavau (Aube), a été assujettie à des rappels de taxe sur les surfaces commerciales pour les années 2010 et 2011. Contestant cette imposition, elle a saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, qui a rejeté sa demande pour l'année 2011. En cassation, le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif, considérant que la surface du premier étage, inaccessible au public en raison de malfaçons, ne devait pas être prise en compte pour le calcul de la taxe. Par conséquent, la société a été déchargée de la taxe et des pénalités correspondantes pour l'année 2011.
Arguments pertinents
1. Inaccessibilité de la surface : Le Conseil d'État a souligné que la surface du premier étage, bien qu'aménagée pour l'exposition de véhicules, était inaccessible au public pour des raisons de sécurité. Cela a conduit à la conclusion que cette surface ne pouvait pas être considérée comme une "surface de vente" au sens de la loi. Le tribunal a commis une erreur en qualifiant ces espaces comme affectés à l'exposition des marchandises.
> "Ces surfaces, inaccessibles au public pour des raisons de sécurité, ne pouvaient être regardées comme des espaces affectés à l'exposition des marchandises proposées à la vente."
2. Seuil d'assujettissement : En tenant compte uniquement de la surface d'exposition-vente du rez-de-chaussée, qui s'élevait à 352,80 m², le Conseil d'État a constaté que cette surface était inférieure au seuil d'assujettissement de 400 m² fixé par la loi.
> "Dès lors qu'il résulte de l'instruction que la surface d'exposition-vente du rez-de-chaussée s'élève à 352,80 m², soit une surface inférieure au seuil d'assujettissement de la taxe."
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 - Article 3 : Cet article définit les conditions d'assujettissement à la taxe sur les surfaces commerciales, précisant que la surface de vente doit être accessible au public et affectée à la circulation de la clientèle. La loi exclut également les établissements dont l'activité principale est la vente ou la réparation de véhicules automobiles.
> "Il est institué une taxe sur les surfaces commerciales assise sur la surface de vente des magasins de commerce de détail, dès lors qu'elle dépasse 400 mètres carrés des établissements ouverts à partir du 1er janvier 1960."
2. Décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 - Article 3 : Ce décret précise les réductions de taux pour les professions nécessitant des superficies de vente anormalement élevées, notamment pour la vente de véhicules automobiles. Cela souligne l'importance de la qualification des surfaces dans le calcul de la taxe.
> "La réduction de taux prévue au troisième alinéa de l'article 3 de la loi du 13 juillet 1972 susvisée en faveur des professions dont l'exercice requiert des superficies de vente anormalement élevées est fixée à 30 p. 100 en ce qui concerne la vente exclusive des marchandises énumérées ci-après (...) - véhicules automobiles."
En conclusion, la décision du Conseil d'État repose sur une interprétation stricte des conditions d'assujettissement à la taxe sur les surfaces commerciales, en mettant l'accent sur l'accessibilité et l'affectation des surfaces de vente.