Résumé de la décision
La société Leroy Merlin France a formé un pourvoi devant le Conseil d'État contre une ordonnance du premier vice-président de la cour administrative d’appel de Versailles. Elle contestait le refus de transmettre une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à la conformité des articles 231 ter et 1599 quater C du Code général des impôts à la Constitution. Le Conseil d'État a admis le pourvoi concernant la taxe annuelle sur les surfaces de stationnement, mais a rejeté le surplus des conclusions.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation et erreur de droit : La société Leroy Merlin France soutient que l’ordonnance attaquée était insuffisamment motivée. Elle argue que le législateur aurait méconnu le champ de compétence prévu à l’article 34 de la Constitution en renvoyant à des dispositions abrogées, rendant impossible l'identification d'un comptable public compétent en cas de non-paiement de la taxe.
- Citation pertinente : "les articles 231 ter et 1599 quater C du code général des impôts définissent les modalités de recouvrement de la taxe... par référence à des dispositions abrogées".
2. Erreurs de fond et de procédure : Leroy Merlin met en avant que la cour s'est fondée sur des textes postérieurs à 2003 pour conclure à la substitution des comptables, alors que les textes cités ne définissent plus clairement la procédure de recouvrement, car le Trésor a perdu son existence juridique.
- Citation pertinente : "les articles 231 ter et 1599 quater C... ne permettent plus d'identifier le comptable public compétent".
3. Méconnaissance de l'objectif constitutionnel : La société argue que la méconnaissance de l'équilibre entre intelligibilité et accessibilité de la loi compromet la conformité des articles en question à l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cela souligne l'incapacité du législateur à exercer pleinement sa compétence conformément à l’article 34 de la Constitution.
- Citation pertinente : "la méconnaissance... ne pouvait pas, en elle-même, être invoquée à l'appui de leur question prioritaire de constitutionnalité".
Interprétations et citations légales
1. Constitution - Article 34 : Cet article détermine le domaine de la loi et la compétence du législateur. Leroy Merlin prétend que le législateur a dépassé son domaine de compétence en renvoyant à des dispositions obsolètes. L'argument repose sur la nécessité que les lois soient claires pour permettre une collecte de taxes efficace.
2. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 16 : Cet article impose que la loi doit être claire et accessible. L’argumentation de Leroy Merlin souligne que la méconnaissance des principes d'intelligibilité de la loi pourrait constituer une cause de non-conformité.
3. Code général des impôts - Articles 231 ter et 1599 quater C : Ces dispositions sont contestées en ce qu'elles établissent des procédures de recouvrement qui s’appuient sur des règles désormais abrogées, ce qui crée des incertitudes juridiques.
En résumé, le Conseil d'État a admis le pourvoi de Leroy Merlin spécifiquement sur le point concernant la taxe des surfaces de stationnement, tout en rejetant le reste des arguments, ce qui montre une reconnaissance partielle des préoccupations juridiques soulevées.