Résumé de la décision
M. A a demandé au Conseil d'État de renvoyer au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité concernant l'article L. 773-8 du code de justice administrative, qui permet au juge de sanctionner des irrégularités dans la gestion de fichiers couverts par le secret de la défense nationale. M. A... considère que cette disposition méconnaît son droit à un recours effectif, selon l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Toutefois, le Conseil d'État a décidé qu'il ne se posait pas de question nouvelle ou sérieuse sur cette conformité et qu'il n'y avait donc pas lieu de transmettre la question au Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et conformité: Le Conseil d'État a examiné si l'article L. 773-8 du code de justice administrative, tel que reformulé par la loi du 24 juillet 2015, était applicable au litige et s'il avait déjà été jugé conforme à la Constitution. En l'occurrence, il a conclu qu'il n'y avait pas question nouvelle ou sérieuse sur la disposition contestée — affirmant que cela ne soulevait pas un enjeu constitutionnel significatif.
2. Équilibre entre droits et sécurité: Le Conseil d'État a précisé que, bien que le traitement de données personnelles doit respecter le droit à la défense et les droits du citoyen, la possibilité laissée au juge de décider de la sanction des irrégularités ne constitue pas une atteinte au droit à un recours effectif. En effet, l'article L. 773-8 assure que si des données illégales sont détectées, l'autorité compétente a l'obligation de les rectifier ou de les effacer.
Interprétations et citations légales
- Article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067: Cet article établit les conditions du renvoi au Conseil constitutionnel et précise que la question soulevée doit être nouvelle et sérieuse. Le Conseil a rappelé que l'article stipule : "Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé ...", indiquant que le cadre est strict quant aux motifs acceptables pour un renvoi.
- Article L. 773-8 du code de justice administrative: Cet article énonce que "lorsqu'elle constate que le traitement ... comporte des données ... inexactes, incomplètes ... elle en informe le requérant". Cela souligne le devoir d'information et de rectification de l'autorité en cas d'illégalité constatée, renforçant l'idée que la protection des données personnelles est garantie, même dans le cadre d'un secret défense.
- Article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen: Le requérant soutenait que la législation méconnaissait le droit à un recours effectif. Toutefois, le Conseil a considéré que le mécanisme judiciaire prévu permettait cette protection en affirmant que "le moyen tiré de ce qu'en laissant au juge ... la faculté d'enjoindre ... le législateur aurait méconnu le droit à un recours ... ne soulève aucune question nouvelle ou sérieuse".
En somme, le Conseil d'État a estimé que les conditions de constitutionnalité n'étaient pas respectées en raison de l'absence de nouveauté et de sérieux dans la question soulevée, et que le cadre législatif garantissait suffisamment les droits du citoyen tout en respectant les besoins de sécurité nationale.