Résumé de la décision
La décision concerne M. et Mme D..., une famille géorgienne en situation de précarité, qui contestent la décision du préfet de la Haute-Garonne ayant mis fin à leur hébergement d'urgence. Après avoir introduit une demande devant le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse, la décision de ce dernier a été rejetée. M. et Mme D... ont ensuite fait appel, mais entre-temps, ils ont retrouvé un hébergement d'urgence, rendant leur demande sans objet. Le Conseil d'Etat a alors décidé qu'il n'y a pas lieu de statuer sur l'annulation de l'ordonnance du tribunal administratif et a ordonné à l'Etat de verser 1 500 euros à M. et Mme D... au titre des frais engagés.
Arguments pertinents
1. Urgence et atteinte aux droits fondamentaux : Les requérants soutiennent que leur situation précaire génère une atteinte grave à leur droit à l'hébergement d'urgence. Le juge des référés a relevé que « la condition d'urgence est remplie dès lors qu'ils se trouvent à la rue dans une situation de grande vulnérabilité », ce qui renforce leur argumentation quant à la menace pour leur intégrité physique et morale.
2. Critique de la décision administrative : Les requérants estiment que la décision du préfet représente une « atteinte grave et manifestement illégale » à leurs droits, en référence à l'article L. 345-2-2 du code de l'action sociale et des familles, qui définit les droits à l'hébergement.
3. Conséquence sur la dignité humaine et la scolarisation des enfants : Ils soutiennent que la carence de l'Etat à leur fournir un hébergement compromet la dignité humaine, ce qui porte atteinte à leurs droits selon l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme et l'article 3-1 de la Convention relative aux droits de l'enfant.
4. Statut de l'hébergement : L'administration a finalement reconnu le besoin d'accorder un hébergement d'urgence aux requérants, ce qui a entrainé la perte d'objet de la requête. Le Conseil d'Etat précise que « l'administration ayant fait intégralement droit à leur demande, leurs conclusions ont perdu leur objet ».
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article autorise le juge des référés à intervenir lorsque « une atteinte grave et manifestement illégale » à une liberté fondamentale est constatée. Le texte souligne que le juge intervient « dans un délai de quarante-huit heures », mettant en avant la nécessité d'une réponse rapide dans des situations d'urgence.
2. Code de l'action sociale et des familles - Article L. 345-2-2 : Ce passage sert de base pour justifier la nécessité d'un hébergement d'urgence en cas de détresse sociale, indiquant que la reconnaissance de ce droit peut être essentielle pour éviter des atteintes à la dignité des individus.
3. Convention européenne des droits de l'homme - Article 3 : Le texte stipule que « nul ne peut être soumis à la torture, ni à des traitements ou peines inhumains ou dégradants », renforçant ainsi l'argumentation des requérants quant à la nécessité d'un hébergement pour éviter de telles situations.
4. Convention relative aux droits de l'enfant - Article 3-1 : Ce texte précise que « dans toutes les actions concernant les enfants, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale », soulignant à quel point la situation matérielle des enfants doit être protégée, rappelant ainsi l’obligation de l'Etat à les soutenir.
En résumé, la décision du Conseil d'Etat réaffirme l'importance de la protection des droits fondamentaux, en mettant en exergue les obligations de l'Etat à garantir des conditions de vie dignes pour les familles en situation de vulnérabilité.