Résumé de la décision
Dans un pourvoi enregistré le 11 avril 2018, Mme A... a demandé l'annulation d'un arrêt du 9 janvier 2018 de la cour administrative d'appel de Bordeaux, qui a annulé un jugement du tribunal administratif de Fort-de-France condamnant le centre hospitalier régional (CHR) de la Martinique à verser à Mme A... une indemnité en raison d'un manquement à son obligation d'information sur les risques de l'intervention chirurgicale subie le 30 décembre 2004. La cour a jugé que, bien que le CHR ait failli à son devoir d'information, cette faute n'avait pas privé Mme A... d'une chance de refuser l'intervention, car elle aurait consenti à celle-ci même si elle avait été informée des risques. Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de Mme A..., confirmant la décision de la cour.
Arguments pertinents
1. Devoir d'information : La cour a statué que le manquement du CHR à l'obligation d'informer Mme A... des risques associés à l'intervention chirurgicale ne suffisait pas à entraîner une réparation complète pour les dommages subis. Ce raisonnement repose sur l'idée que, même en cas de défaut d'information, si le patient aurait consenté à l'intervention de toute façon, il n'y a pas perte de chance.
> "La cour a pu ... juger que ... le manquement de l'établissement à son devoir d'information n'avait privé Mme A... d'aucune chance de se soustraire à ce risque en renonçant à l'opération."
2. Appréciation souveraine : Le Conseil d'État a validé l’appréciation de la cour qui a estimé que, à la lumière des circonstances, Mme A... aurait conduit à la même décision même informée des risques, s'appuyant sur son état de santé et l’absence d’alternatives thérapeutiques.
> "En estimant, au vu des pièces du dossier ... que Mme A... aurait, compte tenu de l'absence d'alternative thérapeutique, encore consenti à cette opération si elle avait été informée des risques."
3. Régularité de la procédure : La décision a également écarté les moyens de nullité soulevés par Mme A..., confirmant que les erreurs visuelles dans l'arrêt de la cour sur la qualification des appels n’émoussent pas la régularité de la décision.
> "Cette erreur de plume ... est sans incidence sur la régularité de son arrêt."
Interprétations et citations légales
1. Droit à l'information (Code de la santé publique) : Selon le Code de la santé publique, l'article L. 1111-2 permet au patient d'être informé sur son état de santé, y compris les risques inhérents à un traitement. Ce texte stipule que “toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé”, ce qui est central dans l'analyse du manquement du CHR.
> "Cette information porte sur ... les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils comportent."
2. Responsabilité de l'établissement de santé : En cas de manquement à ce droit, la responsabilité de l'établissement peut être engagée pour la perte de chance de refuser un traitement, mais cela est conditionné à la démonstration que cette perte de chance est effective.
> "La faute commise en ne procédant pas à cette information engage la responsabilité de l'établissement de santé à son égard, pour sa perte de chance de se soustraire à ce risque en renonçant à l'opération."
3. Appréciation du consentement éclairé : La décision souligne que le consentement d'un patient doit être évalué non seulement en fonction de l'information fournie, mais aussi dans le contexte de sa situation médicale particulière et des alternatives qui lui sont offertes.
> "Il n'en va autrement que s'il résulte de l'instruction ... qu'informé ... il aurait consenti à l'acte en question."
Ainsi, la décision du Conseil d’État confirme que le consentement éclairé d'un patient est une évaluation contextuelle reprenant à la fois l’information fournie et les circonstances particulières entourant chaque cas.