Résumé de la décision
M. C..., représenté par Me D..., a saisi la Cour pour contester un jugement du Tribunal administratif de Paris du 23 février 2016, qui avait rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté du ministre de l'intérieur le suspendant de sortir du territoire pendant six mois. M. C... invoquait plusieurs moyens, notamment une insuffisante motivation de l'acte, une incompétence de l'autorité émettrice, et une violation des droits prévus par la Convention européenne des droits de l'homme. La Cour a finalement rejeté sa requête, confirmant que l'arrêté était fondé sur des éléments suffisants et légitimes au regard de la sécurité publique.
Arguments pertinents
1. Incompétence de l'auteur de l'acte et insuffisante motivation :
La Cour a validé les motifs du Tribunal administratif en écartant les moyens tirés de l'incompétence de l'auteur de l'acte et de l'insuffisante motivation, affirmant que l'arrêté du ministre de l'intérieur était approprié.
> "Il y a lieu, par adoption des motifs retenus à bon droit par le Tribunal administratif de Paris, d'écarter les moyens tirés de l'incompétence de l'auteur de l'acte et de l'insuffisante motivation de la décision attaquée."
2. Éléments et appréciation des faits :
La Cour a constaté que des éléments précis, tels que l'adhésion de M. C... à des thèses radicales et son interpellation à la frontière syrienne, justifiaient la décision de l'administration.
> "...il ressort des pièces du dossier... que M. C... adhère ainsi que son épouse aux thèses de l'islam salafiste radical... et a été interpellé en septembre 2015 à la frontière turco-syrienne...".
3. Atteinte à la vie privée :
Quant aux dispositions de l'article 8 de la convention, la Cour a jugé que l'interdiction de sortie du territoire ne portait pas atteinte de manière exagérée à la vie personnelle de M. C..., justifiant ainsi la mesure prise par l'autorité compétente.
> "Le moyen tiré de la violation de [l'article 8] doit être écarté".
4. Article 3 de la Convention :
La Cour a estimé que l'argument fondé sur l'article 3, interdisant les traitements inhumains et dégradants, était inopérant par rapport à une interdiction de sortie du territoire.
> "Le moyen tiré de la méconnaissance de l'article 3... est inopérant à l'encontre d'une mesure d'interdiction de sortie du territoire."
Interprétations et citations légales
- Code de la sécurité intérieure - Article L. 224-1 :
Cet article précise les conditions dans lesquelles un Français peut faire l'objet d'une interdiction de sortie du territoire. La motivation fondée sur "des raisons sérieuses de penser qu'il projette... des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes" a été appliquée au cas de M. C....
> "Tout Français peut faire l'objet d'une interdiction de sortie du territoire lorsqu'il existe des raisons sérieuses de penser qu'il projette... des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes" (Code de la sécurité intérieure - Article L. 224-1).
Cette décision de la Cour renforce l'importance de la motivation des décisions administratives et la prérogative des autorités en matière de sécurité nationale, tout en soulignant les limites de certaines protections offertes par les droits humains dans des contextes de sécurité.