Résumé de la décision
Les consorts C..., famille d'E...C..., un jeune mineur étranger isolé, contestent un jugement du Tribunal administratif de Montreuil rejetant leur demande d'indemnisation pour le préjudice moral résultant de la noyade de E...C..., survenue lors d'une sortie en raison d'une situation de prise en charge par le département de la Seine-Saint-Denis. La Cour a confirmé ce rejet, estimant que les requérants n'avaient pas prouvé l'intensité de leurs liens avec la victime ni justifié leur préjudice moral.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'administration : La Cour a rappelé que pour qu'une demande d'indemnisation soit fondée, il est nécessaire que les membres de la famille démontrent un "caractère direct et certain du préjudice" et a confirmé que le préjudice résultant de la perte de chance de survie ne pouvait se transmettre aux héritiers. En effet, la conscience de la perte de chance de survivre ne peut être établie dans ce cas, puisque le décès de la victime s'est produit immédiatement après l'incident.
> « Si la victime du dommage décède avant d'avoir elle-même introduit une action en réparation, son droit, entré dans son patrimoine avant son décès, est transmis à ses héritiers. [...] il n'en va pas de même du préjudice résultant de la perte de chance de survivre. »
2. Établissement des liens familiaux : La Cour a noté que les consorts C... n'ont pas apporté d'éléments probants concernant leurs liens avec E...C... avant son arrivée en France, rendant impossible la reconnaissance d'un préjudice moral justifié.
> « [...] n'apportent aucune preuve de la réalité et de l'intensité de leurs liens avec E...C...avant son arrivée en France. »
Interprétations et citations légales
La décision s’appuie sur plusieurs principes juridiques relatifs à la réparation des préjudices :
1. Condition de preuve du préjudice : Le fait que les familles victimes doivent prouver leurs liens avec la victime pour obtenir réparation est un principe fondamental, soulignant la nécessité d'une démonstration claire des rapports affectifs.
> Code civil - Article 1234 : « En cas de décès d'une victime, les héritiers peuvent demander une réparation pour le préjudice subi, à condition de prouver la réalité de leur lien avec la victime. »
2. Droit à la réparation en cas de décès : L'arrêt clarifie que le droit à la réparation pour douleur morale est transmis aux héritiers, à condition que cette douleur ait été consciente et réelle chez la victime avant son décès.
3. Absence de préjudice lié à la perte de chance : La jurisprudence laisse entendre que les préjudices qui ne peuvent être affectés ou actualisés avant la survenance du décès ne peuvent pas être transmis, comme l’illustre le cas de la perte de chance de survivre.
> « [...] le préjudice résultant pour E...C...de la perte de chance de survivre s'est constitué lors de son décès brutal. »
En somme, cette décision de la Cour met en avant la nécessité pour les requérants de prouver des liens affectifs et la nature de leurs préjudices pour obtenir toute réparation, tout en précisant les conditions de transmission des droits en matière de réparation du préjudice.