Résumé de la décision
La décision concerne une action de la Régie à l'encontre de Grave et Boetto, suite à des infractions fiscales. L'exception d'irrecevabilité soulevée par Grave a été déclarée incompétente par les Chambres réunies de la Cour de Cassation, car elle n'avait pas été invoquée devant la chambre criminelle. Concernant Boetto, décédé depuis l'arrêt de renvoi, la Cour a statué que l'action de la Régie était éteinte uniquement pour les amendes fiscales, mais que les droits de consommation et les confiscations pouvaient être poursuivis. Enfin, la Cour a cassé l'arrêt de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence, jugeant que la Régie était recevable à intervenir dans la poursuite pénale.
Arguments pertinents
1. Incompétence des Chambres réunies : L'exception d'irrecevabilité soulevée par Grave a été jugée irrecevable car elle n'avait pas été présentée devant la chambre criminelle. La Cour a affirmé : « les Chambres réunies sont dès lors incompétentes pour en connaître ».
2. Décès de Boetto : La Cour a constaté que le décès de Boetto entraînait l'extinction de l'action pour les amendes fiscales, mais pas pour les droits de consommation et les confiscations. Elle a précisé que « l'action, sous ce rapport, s'éteint par le décès du prévenu », mais que certaines pénalités, comme la confiscation, ne dépendent pas de la personne.
3. Recevabilité de l'intervention de la Régie : La Cour a jugé que la Régie pouvait intervenir dans la poursuite pénale, car les faits de falsification de vin et la fabrication d'une dilution alcoolique étaient liés. Elle a noté que « toute manipulation non autorisée d'un vin a comme conséquence de l'exclure de l'application du régime fiscal des vins ».
Interprétations et citations légales
1. Incompétence des Chambres réunies : La décision se fonde sur l'article 58 de la loi du 22 juillet 1947, qui stipule que les Chambres réunies ne peuvent être saisies d'une exception non soulevée devant la chambre criminelle. Cela souligne l'importance de la procédure et du respect des étapes judiciaires.
2. Décès de Boetto : La Cour se réfère à l'article 6 du Code de procédure pénale, qui établit que l'action s'éteint par le décès du prévenu pour les amendes fiscales. Cependant, elle distingue cette situation des confiscations, qui sont des mesures non personnelles.
3. Intervention de la Régie : La décision s'appuie sur plusieurs articles du Code général des impôts et du Code d'instruction criminelle. En particulier, l'article 67 du Code d'instruction criminelle et les articles 312, 401, et 404 du Code général des impôts précisent les conditions de recevabilité des interventions dans les poursuites pénales. La Cour a interprété que la Régie, en intervenant dans une poursuite pénale, bénéficie des preuves administrées par le Ministère public, ce qui justifie sa recevabilité.
En conclusion, cette décision illustre la complexité des interactions entre le droit pénal et le droit fiscal, ainsi que l'importance de la procédure dans le cadre des recours judiciaires.