Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société des anciens établissements Lavoisier, exploitant une filature et tissage de coton, a été condamnée à rembourser à une salariée, dame X..., le salaire correspondant à un préavis de huit jours qu'elle avait observé en quittant son emploi. La convention collective applicable prévoyait un délai de préavis de quinze jours. Les juges du fond ont jugé que la salariée pouvait bénéficier d'un délai de préavis de huit jours, plus favorable selon eux, en se basant sur une convention collective nationale ultérieure. La Cour de cassation a annulé ce jugement, affirmant que le délai de quinze jours prévu par la convention collective normande était plus favorable pour l'ensemble des membres de la profession.
Arguments pertinents
1. Application des conventions collectives : La décision souligne que l'article 23 du Livre 1er du Code du travail stipule que la durée du délai de préavis ne peut être déterminée que par des usages ou des conventions collectives lorsque le salarié prend l'initiative de rompre son contrat de travail. Cela signifie que les conventions collectives doivent être respectées dans leur intégralité.
2. Comparaison des clauses : La Cour a précisé que le caractère favorable des clauses doit être évalué au regard de l'ensemble des intéressés et non d'un individu en particulier. Ainsi, même si la convention nationale prévoyait un délai de préavis plus court, cela ne pouvait pas primer sur la convention normande qui était plus avantageuse pour l'ensemble des salariés.
3. Cohérence des décisions : La Cour a conclu que le jugement des juges du fond n'était pas justifié légalement, car ils avaient appliqué une clause moins favorable à l'ensemble des salariés. La décision de la Cour de cassation a donc été de rétablir le jugement initial, en maintenant le délai de préavis de quinze jours.
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article 23 : Cet article stipule que "l'existence et la durée du délai-congé ne résultent que des usages ou des conventions collectives dans le cas où le salarié prend l'initiative de rompre son contrat de travail". Cela établit clairement que les conventions collectives sont la référence principale pour déterminer les délais de préavis.
2. Code du travail - Article 31, E : Cet article précise que "dans tout établissement compris dans le champ d'application d'une convention collective, les dispositions de cette convention s'imposent, sauf dispositions plus favorables". Cela souligne l'importance de respecter les conventions collectives en vigueur.
3. Convention collective - Article 14 : Cet article impose un délai de préavis de quinze jours, ce qui est crucial pour la décision, car il démontre que la convention normande est plus favorable que celle qui a été appliquée par les juges du fond.
4. Convention nationale - Article 48 : Bien que cet article prévoie un délai de préavis de huit jours, la Cour a jugé que son application à dame X... était inappropriée, car elle ne tenait pas compte de l'intérêt collectif des salariés.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de respecter les conventions collectives et de considérer l'intérêt collectif des travailleurs dans l'application des délais de préavis.