Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre la société SARL Indicatif Bijou et une équipe de typographes, qui avaient conclu un contrat de travail en 1951. En 1960, la société a mis fin à ce contrat et a proposé aux ouvriers de revenir à un mode de rémunération horaire. Les ouvriers ont alors saisi le Conseil de prud'hommes pour réclamer des indemnités de préavis, de licenciement et pour rupture abusive de contrat. La cour d'appel a confirmé la compétence de la juridiction prud'homale, considérant que les ouvriers étaient liés par un contrat de travail, malgré les particularités de leur mode de rémunération. Le pourvoi formé contre cette décision a été rejeté.
Arguments pertinents
1. Lien de subordination : La cour a affirmé que, bien que le travail soit organisé librement au sein de l'équipe, il existait un lien de subordination entre les ouvriers et la société, caractérisé par la réception de directives nécessaires à l'exécution du travail. La cour a souligné que "chacun des ouvriers, travaillant en contrepartie d'une rémunération convenue sous les ordres, le contrôle et la surveillance de la société, était lié personnellement à elle par un lien de subordination".
2. Nature du contrat : La cour a noté que le contrat, bien qu'ayant des particularités dans la répartition du travail et le mode de rémunération, ne modifiait pas la nature du contrat de travail. Les juges ont conclu que les particularités de la rémunération à la tâche n'altéraient pas le caractère salarié des ouvriers.
3. Éléments de preuve : La cour a pris en compte plusieurs éléments, tels que l'établissement de bulletins de salaire, l'inscription à la sécurité sociale, et la qualification de la relation de travail par la société elle-même comme un contrat de travail, renforçant ainsi la décision de maintenir la compétence des prud'hommes.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs articles du Code du travail et de la loi du 20 avril 1810, notamment :
- Code du travail - Article 20 : Cet article définit les éléments constitutifs d'un contrat de travail, en insistant sur le lien de subordination entre l'employeur et l'employé. La cour a interprété cet article pour établir que, malgré le mode de rémunération particulier, les ouvriers étaient sous l'autorité de la société.
- Loi du 20 avril 1810 - Article 7 : Cet article stipule que les contrats de travail doivent être respectés et que toute rupture doit se faire dans le respect des préavis. La cour a utilisé cet article pour justifier la demande des ouvriers concernant le préavis et l'indemnité de licenciement.
La cour a donc conclu que les juges du fond avaient correctement interprété les éléments de preuve et les dispositions légales, en affirmant que "les particularités relatives à la répartition du travail entre les membres de l'équipe et au mode de rémunération à la tâche n'avaient pas eu pour effet de modifier la nature" du contrat de travail. Ainsi, la décision de la cour d'appel a été validée, rejetant le pourvoi.